• Traduction de la tribune écrite par Richard pour Cybersmile

    (11 Juin 2015)

     

    Article original à lire ici

    Photos crédits ©Richard Armitage' selfie & photos article Cybersmile

     

    Traduction par Jolie Pensée

     

    La Condition Humaine et les Médias Sociaux

     

    Nous sommes ravis de vous donner un aperçu exclusif des réflexions de l'ambassadeur officiel de Cybersmile, Richard Armitage, sur les médias sociaux utilisés dans notre société toujours plus numérique. Richard est un brillant acteur anglais plus connu internationalement pour son interprétation de Thorin dans la trilogie du 'Hobbit'. Dans cet examen passionné et honnête sur les communautés numériques, il parle de ses propres expériences à surmonter le harcèlement et de l'impact durable que cela peut avoir sur une personne. 

     

    « Et c'est là qu'est le hic », parce que quelle que soit la manière prudente et claire avec laquelle je vais tenter de faire ma première tribune libre sur un sujet inquiétant pour Cybersmile, tout n'est pas noir et blanc. 

    Donc si je n’ai rien qui mérite d’être dit, devrais-je parler ? "

    " Je ne dirai que de belles choses ? "

    " Je ne suis pas autorisé à critiquer sinon je ne suis plus ‘suivi’ ? " 

    La réponse à mon humble avis (et croyez-moi c’est humble de le partager quand on arrive à 43 ans) est en fait quelque chose qui s’applique à mon travail en tant qu’acteur. C’est pourquoi, parfois les acteurs sont appelés à travailler avec des thérapeutes, dans de grandes entreprises, dans des écoles. C’est pourquoi, la thérapie par le théâtre est fantastique pour comprendre ce que nous faisons, comment nous le faisons et quel pourrait en être le résultat, et dans une improvisation, quand nous ne jouons pas notre propre rôle, parfois nous explorons des sentiers qui sont trop terrifiants et inacceptables dans nos vraies vies.

    D'une certaine façon, les médias sociaux sont un peu une réplique de cela, jetez juste un oeil au brillant documentaire “Catfish” (1) d’Henry Joost et Ariel Schulmann. C’est une vue en miniature de ce qui est en train de se passer, à un moindre degré, partout dans les médias sociaux. Une sorte de monde fantaisie, une réinvention du soi, si le « soi-même » est insatisfait ou malheureux avec son soi. J’ai récemment utilisé un hashtag, #findyourvoice. C’est un peu ringard, je crois, mais je pense que chacun fait ça pour s’étendre sur la toile. Alors qu’il y a 20 ans, nous avions recours aux journalistes, aux éditorialistes, aux journaux pour nous indiquer les choix, maintenant tout le monde peut parler. Ne pensez pas que ce soit une chose merveilleuse. Tout peut maintenant faire l'objet d'un forum de débat, de discussion. Les communautés d'amis peuvent se regrouper et se trouver et nous oublions comme cela peut être difficile pour de nombreuses personnes. Les personnes qui trouvent difficile de se sociabiliser, qui ne sont pas mobiles, qui sont seules.

    Le revers de la médaille est l'activité politique et sociopolitique, de nos jours, on ne peut plus se fier à ' la ligne directrice ', on peut se mettre en quête de la vérité nous-mêmes. J'ai en tête l'image des foyers texans qui font une vente collective dans leur jardin (ou pour ceux de l'autre côté de l'Atlantique, dans les îles Britanniques, une Jumble Sale) (2), trouver quelque chose de valeur est difficile, une chasse au trésor. Une autre métaphore (parce que j'aime la musique) chaque personne en Chine (parce qu'ils sont très nombreux) en train de jouer d'un instrument de musique en même temps, quelque part au milieu de tout cela il y a le " Spiegel im Spiegel " d'Arvo Part (3) (allez-voir sur Spotify, c'est vraiment beau), comment je peux l'entendre ? Surtout quand je ne peux même pas garantir que les instruments sont ceux qu'on dit qu'ils sont, et que ceux qui en jouent ne sont pas ceux qu'ils m'ont dit qu'ils étaient... Et même, comment savez-vous que c'est moi, Richard Armitage ?

    Nous ne pouvons pas détecter. Nous ne pouvons pas contrôler, nous ne pouvons pas modérer et de plus, nous ne le devrions probablement pas.

    Liberté de parler, liberté d'écouter quiconque nous souhaitons. 

    Je crois que nous devrions montrer nos visages et utiliser nos vrais noms quand nous sommes en ligne, c'est juste une préférence personnelle.

    Pour en revenir au premier point, “la société des médias sociaux” dans laquelle nous aimerions tous nous sentir en sécurité, encouragés, excités, créatifs, spontanés, novateurs, courageux, est vraiment entre nos mains. Pour en revenir au métier d’acteur, ça m'a pris longtemps pour me débarrasser des effets du harcèlement à l'école. Ces gens riaient toujours dans mon dos. Je les regardais toujours du coin de l'oeil, j'ai maintenant une incroyable vision périphérique très utile (comme un sens kinesthésique, allez voir ça sur Google), mais essayez d'être un acteur courageux, expérimenté et extraverti avec tous ces complexes. Ça ne s'est pas produit... 

    Il est là le truc, et c'est la clé de mon travail et, je pense, la nôtre en tant que communauté. Quand nous parlons ou écrivons, finalement nous désirons “toucher”. Si nous ne regardons pas la destination de cette émotion alors comment savons-nous si nos mots ont atteint leur but et l'effet qu'ils ont causé ? C'est facile de visu, les 43 muscles du visage de la personne peuvent nous donner un million de réponses à cette question. Mais en ligne... comment ? C'est habituellement dans la réponse qui est écrite en retour, mais bon sang, les interprétations erronées qui peuvent se produire quand on s'exprime succinctement et expressément !

    Là encore, les motivations sont mises en doute, on spécule sur des intentions cachées, le subconscient... Bon, laissons cela aux psychologues.

    Il ne faut pas trop censurer et oui, nous devons dire ce que nous pensons, dire la vérité, mais nous devons aussi “regarder la destination de nos mots” et comprendre “le carburant qui les propulse”. Ça pourrait être la colère, ça pourrait être la haine. Parfois, c'est la provocation, le sarcasme, l'humour. Parfois, c'est juste pour contrarier ce que dit l'autre. Arrêtez et réfléchissez avant d'appuyer sur envoyer.

    Relisez ce que vous écrivez, je le fais à chaque fois. J'annule plus que je n'envoie (je retire ce pour quoi j'ai changé d'avis). Si j'ai un avis très dur sur quelque chose que j'ai envie de dire, je me fais violence pour revenir à l'origine du “pourquoi je ressens cela ?”

    C'est encore une part de mon travail de créer un personnage crédible et finalement de créer un moi crédible en-dehors de mon travail. Juste... “parce que c'est ce que je ressens”, c'est un peu une bonne excuse. Reformons des groupes de discussion à l'école !!! 

    Je vais avoir l'air moralisateur (je ne suis pas un prédicateur), mais nous avons une langue incroyable et maintenant avec cette chose électronique dans ma main, je vais pouvoir chercher les mots qui traduisent vraiment ce que je sens ou pense. J'encourage tout le monde à faire de même. Et vous découvrirez comment “on se promene” en ligne.

    Et même quand j'écris ceci, je sais qu'il y en aura toujours qui diront “non, j'ai le droit de parler de ce que j'aime, comment je l'aime et à qui j'ai envie, j'ai le droit d'être un harceleur si j'en ai envie” et je dis “fais ton truc”, quand il y a quelque chose à la télé que je n'aime pas, je change de chaîne ou j'éteins. Faites pareil avec les médias sociaux: block et mute (bloquer/muet)...

    Dans une rue bondée, la plupart du temps, on a l'air de naviguer sans se rentrer les uns dans les autres, et globalement, il n'y a pas de bagarre tous les 10 mètres... Alors pourquoi le faire en ligne ?


    Tout comme le harcèlement, c'est comme le moment où la casserole déborde, ou c'est un air empoisonné qu'on ne peut pas purifier, alors pourquoi ennuyer les gens ? Je pense que l'art est fait pour ça. Je peux soutenir le meilleur et le pire de nous-mêmes. On peut “attaquer” une toile avec une peinture noire sous l'effet de la colère, on peut s'en prendre à un clavier de piano, on peut danser jusqu'à tomber, on peut lire un livre sur une société puritaine qui exécute ses aînés, on peut explorer la psychologie d'un tueur en série et quand on ne peut pas le faire soi-même, on peut l'expérimenter ou en être témoin à travers les autres.

    C'est plus que d'être gentil. " Le cri " d'Edward Munch est loin d'être charmant. " Saturne dévorant son fils " de Goya est horrible, Metallica, Die Antwoord (4) etc. Et puis il y a Monet, Fauré (5), Renée Fleming (6), Peter Jackson, Ariana Grande (7) (OK c'est très éclectique, je l'admets)...

    Mais quand nous regardons, nous écoutons et nous identifions, nous sommes à l'écoute de la condition humaine.

    Nous formons tous la condition humaine, qu'on aime ou non. Médias sociaux. Expression. La Condition Humaine.

     

    Notes de la traductrice 

    (1) " Catfish " est un film documentaire de 2010 : Nev Schulman s'est fait filmer par ses amis en train de nouer une relation via les réseaux sociaux. Une vive polémique a suivi la sortie de ce film aux Etats-Unis, car de nombreuses personnes ont accusé les réalisateurs d'avoir monté un faux film documentaire, ce dont ils se défendent fermement. Des suites de ce film est née une émission diffusée sur MTV Catfish : fausse identité, visant à aider les personnes qui sont victimes d'abus en tout genre sur les réseaux sociaux.

    (2) Aux Etats-Unis, les habitants d'un même quartier organisent régulièrement des brocantes de particulier à particulier, chaque foyer installe son étale devant sa maison dans son jardin. Au Royaume Uni, on parle de Jumble sales, ce sont des sortes de braderies où l'on peut acheter des produits de seconde main moyennant une petite participation pour financer l'organisation.

    (3) " Spiegel im Spiegel " (Le miroir dans le miroir) est une œuvre pour piano et violon (ou/et violoncelle) du compositeur estonien Arvo Pärt écrite en 1978. Ecoutez: https://www.youtube.com/Arvo Pärt

    (4) Die Antwoord est un groupe sud-africain issu du mouvement zef aux paroles plutôt trash et argot afrikaner. Deux des trois membres ont joué dans le film " Chappie " avec Hugh Jackmann et Sigourney Weaver.

    (5) Gabriel Fauré (1845-1924) était un pianiste, organiste et compositeur français. Ecoutez: https://www.youtube.com/Gabriel Fauré

    (6) Renée Fleming est une soprano américaine née en 1959. Ecoutez: https://www.youtube.com/Renée Fleming 

    (7) Ariana Grande est une actrice, auteur-compositrice-interprète américaine née en 1993. Ecoutez: https://www.youtube.com/Ariana Grande 

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  • Traduction de l'interview que Richard a accordé à la Fondation Cybersmile qui lutte contre le harcèlement et différentes formes d'abus envers la personne sur le Net.

    Richard est devenu Ambassadeur de la Fondation.

    (4 juin 2015)

    Article original à lire ici 

    Photos crédits ©Warner Bros & Richard Armitage' selfies

     

     Traduction de Jolie Pensée et Translator Girl

     

     

    Nous sommes ravis de vous proposer une interview du dernier membre de notre famille Cybersmile… Le tout nouvel ambassadeur, Richard Armitage ! Richard est un acteur anglais plus connu internationalement pour son interprétation de Thorin dans la trilogie du 'Hobbit', vedette de la saison 3 de la série américaine encensée 'Hannibal', sur les écrans le jeudi 4 juin, et qui, plus tard dans l’année, commencera le tournage d’un nouveau film ‘Clearance’. Nous avons eu un entretien avec lui sur sa vie en ligne et ses réflexions sur les médias sociaux aussi bien que sur ses morceaux musicaux préférés !

     

    CBS: Comment était-ce de travailler sur les films du Hobbit et avez-vous retenu des leçons de vie de cette expérience ?

    RA: Le Hobbit a changé ma vie. Etre aussi loin de chez soi et en même temps se sentir ‘chez soi’ avec la famille néo-zélandaise que j’ai trouvé en Peter, Fran, Philippa et toute l’équipe, ça a été incroyable. J’ai travaillé plus dur que je ne l’avais fait auparavant parce que l’histoire était très chère à mon cœur.  Ce que j’ai vraiment apprit, c’est que lorsqu’on est passionné par quelque chose, ça devient une vocation et non plus un travail, et pour toute l’angoisse, la critique et les défaitistes, il y a l’amour pour ce qu’on fait qui surpasse tout. Je pense que le public le ressent. Ces films incarnent la passion et la persévérance du réalisateur et de son équipe, les acteurs et la situation désespérée des nains.

     

    CBS: Est-ce que les médias sociaux sont une bénédiction ou une malédiction ?

    RA: Je n’en suis pas encore sûr mais j’ai le sentiment que ça s’arrêtera. J’ai vécu la moitié de ma vie sans (avoir de) chose électronique dans ma main. Je pense que c’est comme le sucre, plus vous en mangez, plus vous en voulez. Cela vous donne de l’énergie mais ‘le beaucoup trop’ peut devenir toxique, et faire disjoncter. 

     

    CBS: Qu’est-ce que l’industrie du divertissement peut faire pour s’attaquer à la violence numérique ?

    Cybersmile, 4 juin 2015

    RA: Je ne sais pas ce que peut faire une industrie qui dit qu’ "une mauvaise presse est meilleure que pas de presse du tout" ! Mais, je sais que la ‘toxicité’ que j’ai mentionné est addictive. La négativité, le ‘trolling’, les brimades sont une addiction. En ligne, on peut se cacher derrière un pseudo, une fausse photo et être méchant, négatif, provocateur, ça cherche à attirer l’attention, mais ça laisse de terribles séquelles. Des mots prononcés peuvent être oubliés, mais ce qu’on écrit est toujours récupérable.  En tant que personne ayant été victime de paroles assez dommageables dans ma jeunesse, j’ai grandi avec le réel sentiment que faire en sorte qu’une personne se sente géniale, que les encouragements, les éloges, la positivité, et bien, disons-le simplement, l’amour, sont plus satisfaisants que l’inverse. Je n’ai jamais apprécié les commérages, j’essaye de ne jamais dire du mal des gens si je peux absolument l’éviter. Si quelqu’un vient vers moi et colporte des ragots/déblatère peu importe quel est le terme, je l’arrête et lui dit qu’il parle au mauvais gars. On m’a dit, une fois ‘ceux qui viennent vous raconter des ragots, en colporteront sur vous.’

     

    La chose qui me remplit d’un sentiment d’angoisse, c’est ces interminables émissions de télé-réalité qui semblent encourager des excès dans la négativité, ce qui est déshonorant, un comportement grossier et arrogant. Le fier leitmotiv qui dit " Je dis les choses telles qu'elles sont, je te dis le fond de ma pensée " est, à mon sens, à contre-courant du comportement civilisé.

    Il y a une différence entre l’honnêteté et la sincérité et blesser ou humilier ouvertement quelqu’un parce que ça attire l’attention. Ca s’est transformé en un comportement culturel, comme un ‘ programme par défaut ’, qui pointe un doigt agressif vers votre visage.

    De ‘ The Real Housewives (1) de… presque partout ’ où les adultes sont rabaissés au crêpage de chignon, aux insultes, à des comportements de cours de récréation,… aux remarques racistes bien plus sérieuses et extrêmement offensantes que le Président Obama a reçu via Twitter, on dirait que les brimades sont devenues une sorte de divertissement, et ‘ à l’extrême ’ un crime haineux. Pour répondre à votre question, l’industrie du divertissement à une grande part de responsabilité.

    Je conseillerais à tout le monde de préserver sa précieuse réputation, qu’elle soit mise en avant (révélée) ou anonyme, et de faire en sorte que l’héritage que vous laissez en personne ou en ligne en soit un dont vous êtes fier.

     

    CBS: Nous avons vu des célébrités quitter les médias sociaux suite à des insultes en ligne, comment pensez-vous que cela affectera leur vie professionnelle ?

    RA: J’ai toujours vu les médias sociaux comme une expérience. J’ai demandé aux utilisateurs sur mon compte Twitter d’éviter le langage grossier s’ils peuvent, je suis conscient qu’il y a des jeunes, des adultes et des gens tout simplement sensibles qui pourraient être choqués. Et comme mon compte twitter est ' mon bar ', vous devez suivre ' mes règles ' et si ça ne vous plaît pas, vous êtes libres d’aller voir ailleurs. Je préfèrerais ne pas avoir de followers du tout plutôt que d’en avoir qui seraient injurieux.

    Block et Mute sont deux dons que nous fait Twitter. Mais je ne suis pas contre tout arrêter et débrancher. Pour les jeunes, c’est bien plus difficile parce qu’ils pourraient être rejetés. Je pense que nous sommes tous plus conscients du cyber-harcèlement, mais les régulations (modérations) ne vont pas vraiment fonctionner, nous devons être responsables les uns des autres. L’empathie est le meilleur moyen de ' rebrancher '… Est-ce que je dirais cela à ma mère ? mon enfant ? mon meilleur ami ? la personne que j’aime ? Si la réponse est non, alors il ne faut pas l’écrire, peu importe que vous soyez en colère ou blessé. Soyez parmi les forts, le ' pionnier silencieux ' de la décence, de l’attention, de la gentillesse et de la considération. Vos mots ricochent, ils peuvent être lus puis relus, longtemps après que vous les ayez oubliés. Soyez bons les uns les autres.

     

    CBS: Quel conseil donneriez-vous aux personnes maltraitées en ligne ?

    RA: Je leur dirais de demander aux personnes d’arrêter, de ne pas se lier avec elles. Ne rentrez pas en conflit, vous vous retrouveriez à déverser le même type d’injures. Croyez-moi, sur quelques sites, j’ai vu
    un incroyable étalage de querelles d’enfant sans importance devenir un bruit de fond dérisoire.

    Gardez le silence, essayez d’éviter de lire les propos nauséabonds, cherchez ceux qui vous encouragent et faites de même en retour. Si c’est insupportable, alors demandez de l’aide. Cybersmile, c’est le bon endroit pour commencer.

     

    CBS: Que diriez-vous de la frontière entre critique et insulte en ligne ? Quand est-ce que cela va trop loin selon vous ? Cybersmile, 4 juin 2015

    RA: Eh bien, chacun est un critique, n’est-ce pas ? Les mots imprimés peuvent avoir des airs d’ 'analyse critique'. Il y a des critiques professionnels et des gérants d’estrade (ndlt : personnes qui pensent tout savoir mais ne connaissent rien en définitive), mais après tout, tout n’est qu’opinion. Vous êtes libres d’avoir les vôtres et vous pouvez choisir de partager cette opinion ou la garder pour vous. Souvenez-vous que votre opinion n’est pas forcément la même que quelqu’un d’autre.

    Le débat est très grand et avoir raison ou tort n’est pas la question. La faculté de discuter et apprécier le désaccord en harmonie est là où notre culture a commencé, dans les forums philosophiques dans la Grèce Antique (2). Vivre et laisser vivre, s’attendre à changer d’avis, mais accepter que certaines personnes aiment le rouge et d’autres préfèrent le bleu. Poulet ou bœuf, plage ou neige, chiens ou chats, barbu ou rasé de près, tout est bon. 

     

    Aussi, s’attendre à … Je regarde rarement ce qui se dit sur moi en ligne, mais si j’en ai besoin, quelle qu’en soit la raison, j’ai à l’esprit le mantra ' il y en aura toujours un ' : le clown de service qui tourne quelqu’un en dérision pour faire bêtement rire la galerie (les comédiens professionnels connaissent), le soi-disant ' ami ' que vous choperez en train de ricaner dans un coin avec les autres. Les amis agréables en apparence qui commencent leurs phrases par « je ne veux pas être désagréable, mais… » ou « je ne vais pas être drôle, mais… ». Et oui, nous savons que ce que vous vous apprêtez à dire sera désagréable et pas drôle. Et quand vous pensez que c’en est fini d’eux, ils vous mettent une tape sur l’épaule… Ca peut donner l’impression d’une solitude épuisante, mais ça ne l’est pas. Il y a des personnes qui sont là pour vous, de vrais amis, des membres de la famille, mais aussi des inconnus qui vous soutiendront.

    L’objectif des persécuteurs est de planter des graines qui font des racines profondes, si vous les laissez, elles peuvent vous suivre pendant longtemps. Ne les laissez pas, jetez ce qu’ils disent aux ordures (3). Encore une chose, même si vous êtes dans une situation de réel désespoir, vous pouvez peut-être juste prendre un moment pour dire " ces brutes pensent qu’ils sont vainqueurs, mais ce qu’ils font, c’est me faire comprendre comment ne pas traiter les gens. " J’ai eu tellement d’exemples de situations, à l’école ou ailleurs dans le monde (particulièrement dans le monde concurrentiel du show biz mené par l’ego), que j’ai collecté assez de données jusqu’à me faire me sentir mal et que je peux dire , " si un jour je me retrouve dans une situation où je dois être bon avec les gens, les faire se sentir bien, je ferai exactement ça. "

    Enfin, il faut savoir que la majorité des personnes sont bonnes et ont des sentiments de bienveillance envers les autres. Soyez une de ces personnes. Trouvez et cherchez la compagnie de ces personnes. Apprenez la tolérance mais au-delà de tout, le pardon.

     

    CBS: Si vous pouviez choisir une liste de chansons pour faire une playlist positive, quels titres choisiriez-vous ? 

    RA: (Cliquez sur les liens pour écouter) 

    Just The Way You Are / Bruno Mars 

    I Gotta Feeling / Black Eyed Peas

    Best Day Of My Life / American Authors

    One Day Like This / Elbow

    Imagine / John Lennon

    Make You Feel My Love / Adele

    Glory / John Legend

    I Really (really really really really really really really really really) Like You / Carly Rae Jepsen

    (Ce n’est pas vraiment du Shakespeare !!!)

     

    Notes des traductrices :

    (1) ' The Real Housewives': émission de télé-réalité américaine qui montre le quotidien de femmes 'botoxées et silliconées' extrêmement fortunées. Devant le succès, plusieurs déclinaisons sont apparues aux Etats-Unis et à l'étranger: USA: The Real Housewives of  Beverly Hills, New-York City, Miami, Atlanta, New Jersey, Orange County...  A l'internationale: ' The Real Housewives of Vancouver ', ' The Real Housewives of Israël ', 'The Real Housewives of Athens'... et pour la France ' Les Vraies Housewives Los Angeles ' avec des Françaises ayant épousé de riches Américains. Voir cet article du New York Times 

    (2) Un petit peu d’histoire: dans l’Antiquité, on parlait de forum romain à Rome ou bien d’Agora en Grèce. C’était une place publique où les citoyens se réunissaient pour traiter d’affaires commerciales, politiques ou religieuses. Ces lieux de réunion sont vite devenus une composante essentielle de la vie en société, une ouverture vers le débat démocratique. Les villes n’ayant pas de forum étaient d’ailleurs considérées comme non civilisées.

    (3) Junk/trash: Richard emploie deux mots populaires dont 'trash' qui est particulièrement américain, il rajoute « c’est bien comme ça qu’on dit ? »

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  • Traduction de l'interview que Richard a accordé au magazine en ligne FANGORIA à propos de son rôle dans la série Hannibal

    (27 mai 2015)

    Article original à lire ici

     

    Traduction par Jolie Pensée et Translator Girl

    Crédit photos ©Hannibal

    Fangoria, 27 Mai 2015

    Avec Bryan Fulller qui tente le coup à la rédaction de FANGORIA #343, l’attente pour le retour d’Hannibal est devenue un effort encore plus difficile pour des fans saisis d’effroi. Cependant, Fuller a pu laisser FANGORIA jeter un coup d’œil au plateau d’Hannibal le mois dernier et nous avons pu retrouver les formidables acteurs de la série surréaliste. Notre dernière conversation s’est déroulée avec la toute nouvelle recrue de cette prestigieuse distribution. Richard Armitage a laissé FANGORIA ‘planter ses griffes’ dans la toute dernière répétition de Francis Dolarhyde.

     

    Fangoria: Que pouvez-vous nous dire sur Francis Dolarhyde et comment il s’inscrit dans la 3ème saison d’Hannibal ?

    Richard: Je ne sais pas trop comment il s'insère. Ça va sûrement me prendre 4 ou 5 heures pour parler du personnage. Une des choses que j’aime dans ce personnage, c’est le détail avec lequel Thomas Harris le traite dans ‘Dragon Rouge’, qui est devenu une véritable bible chaque jour sur le tournage. Je pense que la chose qui m’a le plus fascinée dans l’écriture de Thomas et dans ce que Bryan Fuller en a fait, c’est de comprendre les crimes d’un psychopathe, et ensuite, de donner au personnage une histoire tellement riche et intéressante avec laquelle on va trouver un sentier très sinueux et tourmenté vers cette destination (vers la compréhension).

    Je n’ai pas vu ni été sur le tournage d’aucune scène de crime, ni aucun meurtre que ce personnage a perpétré, ce qui était très intéressant parce que ça m’a mis dans la situation du personnage (du psychopathe) qui est à l’intérieur de cette personne et dont l’esprit est différent. Il ne se souvient pas de ce qu’il a fait. C’est pour cela qu’il les filme et les regarde après. Nous avons tourné une scène où il regarde les images du crime, c’était vraiment perturbant pour moi de voir ça, et, comme le personnage, de ne pas comprendre ce qu’il avait fait et de ressentir que c’était mal filmé et mal exécuté.


    Fangoria: Quel genre de préparation avez-vous eue pour le rôle ?

    Fangoria, 27 Mai 2015Richard : J’avais 10 jours pour lire le roman et changer complètement mon apparence pour devenir comme le bodybuilder que décrit Thomas Harris. Oui, je me suis pas mal entraîné, mais 10 jours ce n’est pas assez. Dans le livre, il est décrit comme un bodybuilder, donc, j’ai pris son histoire militaire, j’ai pris mon propre physique et j’ai pris la psychologie de quelqu’un qui n’est pas satisfait de ce qu’il est et qui essaye de devenir meilleur. On l’a mis quelque part au milieu de tout cela.

    Il y avait plein de choses à voir avec Francis. C’était intéressant parce je n’ai pas parlé pendant le premier épisode. Vous ne l’entendez pas vraiment prononcer un seul mot. Son langage évolue doucement durant les 6 épisodes jusqu’à la fin où il prononce un éloge d’une façon très concise, poétique et gothique. Ça a été très intéressant.

     

    Fangoria: Connaissiez-vous le rôle de Tom Noonan dans Sixième Sens (1) ?

    Richard: J’aurais dû, mais non. J’ai vu le film il y a longtemps probablement quand je n’aurais pas dû, vers l’âge de 14 ans ou moins. Mais je n’ai délibérément pas regardé le film à nouveau parce que je sais que Ralph Fiennes (2) et Tom Noonan ont créé des personnages emblématiques, et j’avais besoin de créer ma propre image, c’est ce qu’on recherchait.

    C’est difficile parce que la description de Thomas Harris est tellement particulière qu’en fin de compte, vous allez finir par jouer le même personnage. Parce qu’il le décrit point par point, ce qu’il dissimule en lui... On avait besoin de penser à une sorte d’iconographie pour ce personnage qui soit unique et spécifique à la série, et nous avons créé un grand tatouage très artistique pour lui. Même la façon dont sa fente palatine (3) est représentée sur mon visage est particulière à moi et à son histoire.

     

    Fangoria: Quelle est la relation entre Dolarhyde avec Will et Hannibal ? En quoi il diffère d’eux ?

    Richard: Dolarhyde est enchaîné à son passé. C‘est comme s’il essayait de marcher sur un chemin où il serait pieds et poing liés à son passé et cela influence aussi la voie que va prendre sa vie, comme nous le serions tous. Mais son passé est si tourmenté que c’est comme un follicule pileux (ndlt : expression imagée pour dire que son passé est la racine de sa vie d’adulte et si la racine est endommagée, sa vie d’adulte en subit les conséquences).

    Ce qu’il ne réalise pas, c’est qu’il devient un outil de négociation entre Will Graham et Hannibal Lecter d’une façon très simple. Bien sûr, Dolarhyde ne le sait pas vraiment. Il connaît seulement la situation de sa relation avec Hannibal qui ne tient qu’à un fil. Mais bien sûr, Hannibal utilise la psychologie pour rentrer dans l’esprit de Dolarhyde.


    Fangoria: Francis a certains moments emblématiques dans le roman. Etiez-vous curieux de voir comment cela serait transféré sur petit écran ?

    Richard: Oui, c’est intéressant parce que j’ai lu le livre avant de regarder ne serait-ce qu'un seul des épisodes d’Hannibal et je l’ai relu quelques fois. C’est une lecture assez rapide en fait. Et puis j’y suis revenu et j’ai regardé les saisons un et deux. Il y avait quelques moments pendant lesquels j'ai pensé  « Oh, ils ont déjà tourné ça, ils ont déjà tourné ces lignes ». Mais Bryan est arrivé à extraire pratiquement tous les détails importants que Thomas Harris avait écrits. Alors même si ça avait été joué Fangoria, 27 Mai 2015
    avant, il l’a réinventé dans un contexte légèrement différent.

    Dolarhyde est très physique, plus que ce que j’avais imaginé. Je pense qu’une des choses quand on joue le rôle d’une personne folle est qu’on ne détecte pas sa folie rien qu’en le regardant et pour révéler la folie à l’écran, il faut en porter les signes physiques et linguistiques. Je pense que la folie est incroyablement difficile à écrire parce qu’on cherche la logique dans le texte, on cherche la continuité. Ce qu’il faut faire, c’est le rendre confus et inconstant (4), voilà ce qu’on a fait. Je n'ai pas d'idée de ce que ça va donner. Ça a été une grande expérience.

     

    Fangoria: Quelle expérience ça a été de jouer dans une série télévisée comme Hannibal ?

    Richard: Ma voix a vraiment compté. C’était un grand débat démocratique, chaque idée, chaque pensée que j’avais sur le personnage était acceptée par les auteurs, les costumiers, les décorateurs, le coordinateur de cascades et le directeur. Quand on vous donne cette opportunité, votre esprit se met à travailler plus en profondeur. L’obsession de Bryan pour les détails a finalement déteint sur moi. Jusqu’à la façon de positionner le sang sur mes phalanges (ou mon poing américain) après un combat avec le dragon, chaque détail est pensé et réfléchi, j’ai vraiment adoré ça.

     

    Fangoria: Y avait-il une discussion sur comment gérer le côté rédempteur de Dolarhyde ?

    Richard: Oui, c’est difficile quand vous pensez savoir comment ça va finir. J’ai toujours su qu’il y aurait une fin légèrement différente du livre et c’est différent du livre. La symphonie de Bryan se termine avec plus de fioritures que celle de Thomas Harris, ce qui est chouette.

    Mais oui, j’ai analysé l’enfant qui a suivi cette voie. J’ai toujours pensé qu’il y avait une possibilité de rédemption à travers son amour pour Reba. Mais c’est à ce moment là que je dois sortir du personnage et le voir comme une forme de menace et de discorde et je le laisse être ça. J’ai hésité entre l’aimer et le condamner.

     

    Fangoria: Vous avez travaillé pour le cinéma et pour la télévision, pouvez-vous nous parler des différences que vous ressentez et vers où vont vos préférences ?

    Richard : Oui. Une des choses captivantes dans le fait de jouer Dolarhyde dans Hannibal est que, dans les deux autres films où on a vu ce personnage, il y avait 90 minutes pour jouer ce personnage. Dans cette saison, on a eu environ 6 heures pour jouer Dolarhyde. On a vraiment eu l’opportunité de rentrer dans les détails.

    Je pense qu’une des choses que j’aime dans la télévision et dans la façon dont Bryan fait de la télévision, est que chaque épisode est un film. La production a la même valeur qu’un film. Ce n’est pas tourné avec le même budget qu’un film et ce n’est sûrement pas tourné sur la même période qu’un film, donc cela signifie que tout monde doit travailler beaucoup plus dur. Mais, vous savez, si vous regardez n’importe quel plan dans cette série, vous pourriez facilement passer chaque épisode d’Hannibal sur grand écran et vous rempliriez des salles. Bryan fait des mini films toutes les semaines.

     

    Notes des traductrices :

    (1) En 1986, dans « Le sixième sens » (Manhunter), Dolarhyde était interprété par Tom Noonan

    (2) En 2002, dans « Dragon rouge », Dolarhyde était interprété par Ralph Fiennes

    (3) ‘ Cleft palate ’ = fente palatine : absence de substance de la voûte buccale aboutissant à une communication entre le nez et la bouche. Elle accompagne parfois, une fente labiale, anciennement appelée ‘bec-de-lièvre’

    (4) En parlant de ce qu'ils ont voulu faire de Dolarhyde, Richard emploie les mots ' to make him astract and discontinuous ', qui se traduisent littéralement par ' le rendre abstrait et discontinu '. Nous avons choisi de les traduire par 'le rendre confus et inconstant', jugeant que 'abstrait et discontinu' sont des termes s'appliquant plus, par exemple, à des oeuvres d'art (peinture, musique,...) qu'à un être humain (bien que Dolarhyde ait une oeuvre d'art peinte dans le dos !!! )

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