• - Fangoria N°343

    Traduction de l'interview que Richard a accordé au magazine en ligne FANGORIA à propos de son rôle dans la série Hannibal

    (27 mai 2015)

    Article original à lire ici

     

    Traduction par Jolie Pensée et Translator Girl

    Crédit photos ©Hannibal

    Fangoria, 27 Mai 2015

    Avec Bryan Fulller qui tente le coup à la rédaction de FANGORIA #343, l’attente pour le retour d’Hannibal est devenue un effort encore plus difficile pour des fans saisis d’effroi. Cependant, Fuller a pu laisser FANGORIA jeter un coup d’œil au plateau d’Hannibal le mois dernier et nous avons pu retrouver les formidables acteurs de la série surréaliste. Notre dernière conversation s’est déroulée avec la toute nouvelle recrue de cette prestigieuse distribution. Richard Armitage a laissé FANGORIA ‘planter ses griffes’ dans la toute dernière répétition de Francis Dolarhyde.

     

    Fangoria: Que pouvez-vous nous dire sur Francis Dolarhyde et comment il s’inscrit dans la 3ème saison d’Hannibal ?

    Richard: Je ne sais pas trop comment il s'insère. Ça va sûrement me prendre 4 ou 5 heures pour parler du personnage. Une des choses que j’aime dans ce personnage, c’est le détail avec lequel Thomas Harris le traite dans ‘Dragon Rouge’, qui est devenu une véritable bible chaque jour sur le tournage. Je pense que la chose qui m’a le plus fascinée dans l’écriture de Thomas et dans ce que Bryan Fuller en a fait, c’est de comprendre les crimes d’un psychopathe, et ensuite, de donner au personnage une histoire tellement riche et intéressante avec laquelle on va trouver un sentier très sinueux et tourmenté vers cette destination (vers la compréhension).

    Je n’ai pas vu ni été sur le tournage d’aucune scène de crime, ni aucun meurtre que ce personnage a perpétré, ce qui était très intéressant parce que ça m’a mis dans la situation du personnage (du psychopathe) qui est à l’intérieur de cette personne et dont l’esprit est différent. Il ne se souvient pas de ce qu’il a fait. C’est pour cela qu’il les filme et les regarde après. Nous avons tourné une scène où il regarde les images du crime, c’était vraiment perturbant pour moi de voir ça, et, comme le personnage, de ne pas comprendre ce qu’il avait fait et de ressentir que c’était mal filmé et mal exécuté.


    Fangoria: Quel genre de préparation avez-vous eue pour le rôle ?

    Fangoria, 27 Mai 2015Richard : J’avais 10 jours pour lire le roman et changer complètement mon apparence pour devenir comme le bodybuilder que décrit Thomas Harris. Oui, je me suis pas mal entraîné, mais 10 jours ce n’est pas assez. Dans le livre, il est décrit comme un bodybuilder, donc, j’ai pris son histoire militaire, j’ai pris mon propre physique et j’ai pris la psychologie de quelqu’un qui n’est pas satisfait de ce qu’il est et qui essaye de devenir meilleur. On l’a mis quelque part au milieu de tout cela.

    Il y avait plein de choses à voir avec Francis. C’était intéressant parce je n’ai pas parlé pendant le premier épisode. Vous ne l’entendez pas vraiment prononcer un seul mot. Son langage évolue doucement durant les 6 épisodes jusqu’à la fin où il prononce un éloge d’une façon très concise, poétique et gothique. Ça a été très intéressant.

     

    Fangoria: Connaissiez-vous le rôle de Tom Noonan dans Sixième Sens (1) ?

    Richard: J’aurais dû, mais non. J’ai vu le film il y a longtemps probablement quand je n’aurais pas dû, vers l’âge de 14 ans ou moins. Mais je n’ai délibérément pas regardé le film à nouveau parce que je sais que Ralph Fiennes (2) et Tom Noonan ont créé des personnages emblématiques, et j’avais besoin de créer ma propre image, c’est ce qu’on recherchait.

    C’est difficile parce que la description de Thomas Harris est tellement particulière qu’en fin de compte, vous allez finir par jouer le même personnage. Parce qu’il le décrit point par point, ce qu’il dissimule en lui... On avait besoin de penser à une sorte d’iconographie pour ce personnage qui soit unique et spécifique à la série, et nous avons créé un grand tatouage très artistique pour lui. Même la façon dont sa fente palatine (3) est représentée sur mon visage est particulière à moi et à son histoire.

     

    Fangoria: Quelle est la relation entre Dolarhyde avec Will et Hannibal ? En quoi il diffère d’eux ?

    Richard: Dolarhyde est enchaîné à son passé. C‘est comme s’il essayait de marcher sur un chemin où il serait pieds et poing liés à son passé et cela influence aussi la voie que va prendre sa vie, comme nous le serions tous. Mais son passé est si tourmenté que c’est comme un follicule pileux (ndlt : expression imagée pour dire que son passé est la racine de sa vie d’adulte et si la racine est endommagée, sa vie d’adulte en subit les conséquences).

    Ce qu’il ne réalise pas, c’est qu’il devient un outil de négociation entre Will Graham et Hannibal Lecter d’une façon très simple. Bien sûr, Dolarhyde ne le sait pas vraiment. Il connaît seulement la situation de sa relation avec Hannibal qui ne tient qu’à un fil. Mais bien sûr, Hannibal utilise la psychologie pour rentrer dans l’esprit de Dolarhyde.


    Fangoria: Francis a certains moments emblématiques dans le roman. Etiez-vous curieux de voir comment cela serait transféré sur petit écran ?

    Richard: Oui, c’est intéressant parce que j’ai lu le livre avant de regarder ne serait-ce qu'un seul des épisodes d’Hannibal et je l’ai relu quelques fois. C’est une lecture assez rapide en fait. Et puis j’y suis revenu et j’ai regardé les saisons un et deux. Il y avait quelques moments pendant lesquels j'ai pensé  « Oh, ils ont déjà tourné ça, ils ont déjà tourné ces lignes ». Mais Bryan est arrivé à extraire pratiquement tous les détails importants que Thomas Harris avait écrits. Alors même si ça avait été joué Fangoria, 27 Mai 2015
    avant, il l’a réinventé dans un contexte légèrement différent.

    Dolarhyde est très physique, plus que ce que j’avais imaginé. Je pense qu’une des choses quand on joue le rôle d’une personne folle est qu’on ne détecte pas sa folie rien qu’en le regardant et pour révéler la folie à l’écran, il faut en porter les signes physiques et linguistiques. Je pense que la folie est incroyablement difficile à écrire parce qu’on cherche la logique dans le texte, on cherche la continuité. Ce qu’il faut faire, c’est le rendre confus et inconstant (4), voilà ce qu’on a fait. Je n'ai pas d'idée de ce que ça va donner. Ça a été une grande expérience.

     

    Fangoria: Quelle expérience ça a été de jouer dans une série télévisée comme Hannibal ?

    Richard: Ma voix a vraiment compté. C’était un grand débat démocratique, chaque idée, chaque pensée que j’avais sur le personnage était acceptée par les auteurs, les costumiers, les décorateurs, le coordinateur de cascades et le directeur. Quand on vous donne cette opportunité, votre esprit se met à travailler plus en profondeur. L’obsession de Bryan pour les détails a finalement déteint sur moi. Jusqu’à la façon de positionner le sang sur mes phalanges (ou mon poing américain) après un combat avec le dragon, chaque détail est pensé et réfléchi, j’ai vraiment adoré ça.

     

    Fangoria: Y avait-il une discussion sur comment gérer le côté rédempteur de Dolarhyde ?

    Richard: Oui, c’est difficile quand vous pensez savoir comment ça va finir. J’ai toujours su qu’il y aurait une fin légèrement différente du livre et c’est différent du livre. La symphonie de Bryan se termine avec plus de fioritures que celle de Thomas Harris, ce qui est chouette.

    Mais oui, j’ai analysé l’enfant qui a suivi cette voie. J’ai toujours pensé qu’il y avait une possibilité de rédemption à travers son amour pour Reba. Mais c’est à ce moment là que je dois sortir du personnage et le voir comme une forme de menace et de discorde et je le laisse être ça. J’ai hésité entre l’aimer et le condamner.

     

    Fangoria: Vous avez travaillé pour le cinéma et pour la télévision, pouvez-vous nous parler des différences que vous ressentez et vers où vont vos préférences ?

    Richard : Oui. Une des choses captivantes dans le fait de jouer Dolarhyde dans Hannibal est que, dans les deux autres films où on a vu ce personnage, il y avait 90 minutes pour jouer ce personnage. Dans cette saison, on a eu environ 6 heures pour jouer Dolarhyde. On a vraiment eu l’opportunité de rentrer dans les détails.

    Je pense qu’une des choses que j’aime dans la télévision et dans la façon dont Bryan fait de la télévision, est que chaque épisode est un film. La production a la même valeur qu’un film. Ce n’est pas tourné avec le même budget qu’un film et ce n’est sûrement pas tourné sur la même période qu’un film, donc cela signifie que tout monde doit travailler beaucoup plus dur. Mais, vous savez, si vous regardez n’importe quel plan dans cette série, vous pourriez facilement passer chaque épisode d’Hannibal sur grand écran et vous rempliriez des salles. Bryan fait des mini films toutes les semaines.

     

    Notes des traductrices :

    (1) En 1986, dans « Le sixième sens » (Manhunter), Dolarhyde était interprété par Tom Noonan

    (2) En 2002, dans « Dragon rouge », Dolarhyde était interprété par Ralph Fiennes

    (3) ‘ Cleft palate ’ = fente palatine : absence de substance de la voûte buccale aboutissant à une communication entre le nez et la bouche. Elle accompagne parfois, une fente labiale, anciennement appelée ‘bec-de-lièvre’

    (4) En parlant de ce qu'ils ont voulu faire de Dolarhyde, Richard emploie les mots ' to make him astract and discontinuous ', qui se traduisent littéralement par ' le rendre abstrait et discontinu '. Nous avons choisi de les traduire par 'le rendre confus et inconstant', jugeant que 'abstrait et discontinu' sont des termes s'appliquant plus, par exemple, à des oeuvres d'art (peinture, musique,...) qu'à un être humain (bien que Dolarhyde ait une oeuvre d'art peinte dans le dos !!! )

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