• Sur les réfugiés, mars 2016

    Le samedi 5 Mars, Richard Armitage a visité le Berliner Stadtmission pour passer du temps avec les familles de réfugiés. Il a été bouleversé par son expérience et a tenu à la partager via un message sur son compte Twitter.

    Voici la traduction du message ainsi que celle de l'article allemand sur cette visite paru quelques jours plus tard dans le magasine Berliner Kurier (Merci à Jolie Pensée pour la traduction de l'allemand)

     

    Traduction du message Twitter de Richard sur les réfugiés - 5 mars 2016

     Traduction Translator Girl

     

    - Message Twitter de Richard sur les réfugiés & Article du Berliner Kurier - Mars 2016

    - Message Twitter de Richard sur les réfugiés & Article du Berliner Kurier - Mars 2016

    - Message Twitter de Richard sur les réfugiés & Article du Berliner Kurier - Mars 2016

    Cliquer sur les photos pour les agrandir © Richard Armitage Twitter

     

    Ma compréhension de ce qui est arrivé en Allemagne - d'abord à Berlin avec l'arrivée estimée à 1 million de migrants à Berlin et de 480 000 réfugiés ailleurs dans la région en décembre 2015 - a commencé en septembre 2015 alors que j'étais là depuis un jour pour rencontrer l'équipe de production d'une nouvelle série TV 'Berlin Station' à laquelle je participe pour Epix, Paramout et Anonymous Content. Le jour où je suis arrivé, le bureau était affairé à emballer des cartons, des ordinateurs, des storyboards. Tout était en place pour commencer la production mais le bâtiment avait été réquisitionné par le gouvernement allemand, comme d'autres endroits incluant des gymnases d'école et un espace au vieil aéroport du Tempelhol, afin de fournir un hébergement d'urgence pour ces réfugiés qui avaient besoin d'un endroit où s'abriter avec l'hiver berlinois qui arrivait à grand pas.

    L'atmosphère au bureau de production était sereine et assez animée alors qu'ils (j'aimerais dire nous) déménageaient à Friedrichshain, Postsdam et aux Studios Babelsburg. Novembre est arrivé et nous avons commencé à tourner de manière rapide et intensive ce qui laissait très peu de temps pour s'arrêter et réfléchir. Noël est arrivé et je suis rentré dans ma famille mais mes pensées revenaient vers Berlin et au Nouvel An, Angela Merkel a fait un discours sur " Une politique de la porte ouverte ", " Une chance pour demain " et plus fermement sur le fait " Qu'il est crucial de ne pas suivre ceux qui, avec froideur ou qui ont de la haine dans le coeur, revendiquent l'exclusivité d'être Allemand en cherchant à exclure l'autre ". J'ai trouvé que c'était un discours courageux et incroyable de la part de la dirigeante d'un pays si marqué par son passé. Mais allons, comme on me le rappelle (je le fais moi-même et les autres aussi) " Qu'est-ce qu'un acteur comprend aux choses ? " " Pourquoi devrait-il partager ses opinions sur la politique ? ", " Ce n'est pas son pays " etc, etc. Et bien nous semblons tous vivre dans une période où la peur s'accroît. L'Angleterre va avoir un référendum pour décider si elle quitte l'Union Européenne avec comme sujet brûlant les contrôles aux frontières. Des voix d'extrême-droite grandissent en Angleterre, en France et ailleurs et aux USA où il y a une tension raciale importante - le mot immigré est maintenant pointé de manière péjorative et un politicien américain aux idées qui paraissent tellement rétrogrades est en contradiction avec ce dont parlait Angela Merkel - ont fait que j'ai ressenti le besoin de m'exprimer sur le genre de monde dans lequel je veux vivre, celui auquel j'aspire.

    J'ai tiré le bon numéro quand je suis né, ainsi que beaucoup d'entre nous, parce que nous sommes nés avec un niveau de vie dont tant d'enfants sont privés. Je suis anglais, britannique, mais je n'ai jamais adressé de requête à la terre sur laquelle j'ai grandi. Je pense que nous sommes des gardiens, oui, mais je crois vraiment que nous avons été chanceux, suffisamment pour apprécier une maison, de la nourriture, une éducation, des services de santé... (oui je connais 'l'état-providence') *, la liberté d'expression, la liberté de se rendre à l'école sans être tué ou bombardé. Tout ça n'appartient pas juste à moi. Je crois que c'est le droit de chacun, alors ceux qui fuient devant la terreur devraient être reçus à bras ouverts.

    Il y a des écrits sur papier ou des paroles philosophique, mais je voulais voir comment ça se passe dans la pratique, parce que ça DOIT marcher, nous ne pouvons pas tourner le dos aux personnes: familles, enfants dans l'obligation de faire face à ..... quoi ? Peut-on à peine imaginer à quoi ressemble cette horreur ?

    Alors oui, je suis un acteur stupide plutôt ordinaire, mais au fil du temps, j'ai développé des compétences, une réflexion, un certain niveau d'analyse psychologique, principalement de personnages de fiction, mais surtout une grande part d' Empathie (je met une majuscule parce que c'est un mot important) et je suis sans aucun doute au-dessus de la moyenne dans ce respect. Je voulais utiliser ces atouts pour apprendre quelque chose du travail qu'avait fait la Berliner Stadtmission pour que cette situation fonctionne.

    C'est samedi matin et j'ai rempli un sac de vêtements dont je ne voulais plus (ouais, il y a quelque part dedans un costume de MI-5), je suis allé chercher quelques couvertures, des chocolats de Pâques, des livres de coloriages, des livres de fiction et un génial mini-réservoir d'hélium avec un tas de ballons pour les enfants. La visite a été organisée par Michael Scheel (notre producteur délégué), Frederike Gralle et Dorthe Wolner-Hanssen qui travaillent sur Berlin Station et qui visitent régulièrement un refuge à Spandau ; accompagnés par moi-même et Michelle Forbes (mieux connue comme actrice végétalienne!!!). Je suis un peu nerveux surtout du fait que je pourrais paraître offensant en venant 'voir' ces gens désespérés comme s'ils étaient des animaux dans un zoo, mais le stress disparaît aussitôt que nous sommes salués par les gardes des sécurité. Il y a une présence de la sécurité qui, après interrogation, est à la fois interne et externe parce qu'étonnamment, il y a eu des tensions culturelles qui doivent être maîtrisées à l'intérieur des refuges. J'en déduis que des gars de la sécurité ont été aussi 'réquisitionnés' (quelques ex videurs de boîtes de nuit avec de multiples compétences linguistiques ont aussi trouvé une nouvelle maison).

    Ainsi, nous sommes les bienvenus, avec nos petits cadeaux que nous déposons dans un endroit de stockage plutôt bien organisé, nous jetons un coup d'oeil à une nouvelle construction de box qui abriteront les familles. Je me sens soudainement envahi d'un sentiment d'impuissance 'que sommes-nous venus vraiment faire ici ?' . Alors, je demande si je peux apporter quelques ballons aux enfants que nous pouvons voir en train de jouer dans une petite classe temporaire. On me dit que beaucoup d'enfants ont vécu un tel traumatisme qu'un ballon qui peut éventuellement éclaté n'est probablement pas une bonne idée. C'est mon premier coup de semonce. La plupart des enfants sursautent et rient au son d'un ballon qui fait boum, mais ces enfants viennent d'un monde où ce son est associé avec une peur réelle. Ok. Ok.

    Alors je vais m'asseoir à une table où des enfants sont en train de colorier, de découper du papier et de dessiner. J'emprunte des crayons et je me joins à eux. Ca prend un certain temps, mais, assez vite, j'obtiens des noms et grâce à mes dessins géniaux de coiffure punk multicolore, on commence à me grimper dessus …. et bien, on m'escalade comme sur une cage à poule, mais c'est quoi tout ça ! Mishka est assise sur le tapis de jeu en train de se faire de nouveaux amis, et lorsque j'ai épuisé toutes les coiffures punk auxquelles je pouvais penser, j'ai décidé qu'il était temps de jouer avec des Lego. Il y avait un garçon d'environs 8 ans, que je vais appeler Paul. Paul était dans un coin avec tous les blocs de Lego en train de construire un énorme mur. Oui, un #Mur. Quelques-uns des petits enfants ont ramassé des pièces éparses pour construire le mur, alors je me suis assis et j'ai aidé Paul. Au début, je le rendais un peu nerveux, mais je me concentrais sur la construction et pas sur lui, et nous avons tissé des liens autour de ce mur imposant que nous construisions. Une fois fini, je lui ai donné une tape dans le dos (Paul était plutôt concentré sur son mur), il s'est levé et lui a donné un coup de pied à la base, l'a détruit avec un large sourire sur son visage, puis, il a commencé à le reconstruire. Je sais que les enfants aiment faire ce genre de choses mais il y avait quelque chose dans la détermination avec laquelle il l'a fait qui m'a donné une idée de son expérience. C'est ce qu'on vécu la plupart de ces enfants, ces petits qui font leur premiers pas dans la vie. En compagnie de leurs parents, certains ont voyagé avec seulement les vêtements qu'ils avaient sur le dos et deux choses qui leur appartenaient et jusqu'à 35 jours, nous a-t-on dit, en marchant vite, parfois en courant, puis par bateaux, camions, par bus pour arriver, là, aux 'portes ouvertes' d' Angela Merkel. J'essayais d'imaginer comment ça devait être pour ceux qui n'avaient pas été si chanceux, ceux qui ont été stoppé par des clôtures, des frontières et la terrible, terrible destination pour ceux qui n'ont pas réussi, qui se sont noyés.

    Je ne suis pas un psychologue, je suis juste intéressé par les gens, mais je pense à mon enfance qui était protégée et sécurisée comparé au traumatisme extrême vécu par ces gamins fuyant loin de chez eux qui voient la terreur sur le visage de leurs parents.

    Il est temps de ranger… J'aide la plus belle petite fille qui balaye le plancher avec un balai cassé… Si seulement j'avais amené un balai et pas des ballons !!!!! Mais le balai cassé fait comme un hélicoptère sur le sol et ça la fait rire, et je ris de son rire et elle rit du mien, de son rire sur son balai cassé. Le sol n'est pas vraiment bien balayé, elle court manger et je finis le travail. En pensant à une jolie classe propre pour l'après-midi, je serre très fort dans mes bras une des professeurs, Behnaz Kazemi, pour lui dire merci, parce qu'elle est vraiment un lien vital pour les enfants. Elle a un grand sourire rayonnant, qui est, j'imagine, ce dont chaque enfant a besoin, plus qu'un stupide ballon.

    Chaque volontaire qui travaille avec la Mission Berliner Stadt au refuge est une part de ce salut. Ils prennent tous tant d'initiatives. J'ai entendu parler d'une idée de Jardin de ville pour que les familles puissent s'occuper d'une petite parcelle, faire pousser des légumes... C'est là-dessus que nous partons. Il y a une file d'attente dans l'immense réfectoire qui a été décoré avec 4 énormes palmiers. Ce n'est définitivement pas les Bahamas, mais ça donne une impression de vacances. Demain 6 Mars, c'est l'anniversaire de la Mission Berliner Stadt (j'ai entendu le 135ème mais ce doit être incorrect) **, quoiqu'il en soit il y a une fête de prévue, beaucoup de personnes vont venir le célébrer, il y aura un discours et peut-être pas mal de rigolade. Moi, je me suis amusé mais il y a eu des moment où j'ai été choqué, avec de la tristesse pour ce qui est arrivé, mais je m'en vais avec le souvenir de ma petite Cendrillon, rigolant de son balai cassé. 

    Ndlt :

    * L'État providence fait son apparition en Angleterre avec le rapport de Lord William Beveridge intitulé Social Insurance and Allied Services. Paru en 1942, ce document développe la notion de Welfare State (ou "État de bien-être"). Il rejette le système d’assurances sociales réservées aux seuls travailleurs ainsi que le principe d’une assistance limitée aux plus démunis et introduit l’idée d’une protection universelle de tous les citoyens financée par l’impôt. Il plaide pour un système de Sécurité sociale à la fois : 

    - généralisé : chacun, par sa seule appartenance à la société, doit avoir le droit de voir ses besoins minimaux garantis par la solidarité nationale; 

    - unifié : une seule cotisation est nécessaire pour accéder aux différentes prestations; 

    - uniforme : les prestations sociales sont les mêmes pour tous; 

    - centralisé : le système est géré par un organisme public unique; 

    - global : le système regroupe l’ensemble des aides et des assurances.

    Pour plus d'informations sur le sujet :  http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/finances-publiques/approfondissements/etat-providence.html 

     

    ** La Berliner Stadtmission a été fondée le 9 mars 1877 et a donc fêté ses 139 ans (Merci à Wickie Lila pour l'info)

     

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