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- Cybersmile
Traduction de l'interview que Richard a accordé à la Fondation Cybersmile qui lutte contre le harcèlement et différentes formes d'abus envers la personne sur le Net.
Richard est devenu Ambassadeur de la Fondation.
(4 juin 2015)
Article original à lire ici
Photos crédits ©Warner Bros & Richard Armitage' selfies
Traduction de Jolie Pensée et Translator Girl
Nous sommes ravis de vous proposer une interview du dernier membre de notre famille Cybersmile… Le tout nouvel ambassadeur, Richard Armitage ! Richard est un acteur anglais plus connu internationalement pour son interprétation de Thorin dans la trilogie du 'Hobbit', vedette de la saison 3 de la série américaine encensée 'Hannibal', sur les écrans le jeudi 4 juin, et qui, plus tard dans l’année, commencera le tournage d’un nouveau film ‘Clearance’. Nous avons eu un entretien avec lui sur sa vie en ligne et ses réflexions sur les médias sociaux aussi bien que sur ses morceaux musicaux préférés !
CBS: Comment était-ce de travailler sur les films du Hobbit et avez-vous retenu des leçons de vie de cette expérience ?
RA: Le Hobbit a changé ma vie. Etre aussi loin de chez soi et en même temps se sentir ‘chez soi’ avec la famille néo-zélandaise que j’ai trouvé en Peter, Fran, Philippa et toute l’équipe, ça a été incroyable. J’ai travaillé plus dur que je ne l’avais fait auparavant parce que l’histoire était très chère à mon cœur. Ce que j’ai vraiment apprit, c’est que lorsqu’on est passionné par quelque chose, ça devient une vocation et non plus un travail, et pour toute l’angoisse, la critique et les défaitistes, il y a l’amour pour ce qu’on fait qui surpasse tout. Je pense que le public le ressent. Ces films incarnent la passion et la persévérance du réalisateur et de son équipe, les acteurs et la situation désespérée des nains.
CBS: Est-ce que les médias sociaux sont une bénédiction ou une malédiction ?
RA: Je n’en suis pas encore sûr mais j’ai le sentiment que ça s’arrêtera. J’ai vécu la moitié de ma vie sans (avoir de) chose électronique dans ma main. Je pense que c’est comme le sucre, plus vous en mangez, plus vous en voulez. Cela vous donne de l’énergie mais ‘le beaucoup trop’ peut devenir toxique, et faire disjoncter.
CBS: Qu’est-ce que l’industrie du divertissement peut faire pour s’attaquer à la violence numérique ?
RA: Je ne sais pas ce que peut faire une industrie qui dit qu’ "une mauvaise presse est meilleure que pas de presse du tout" ! Mais, je sais que la ‘toxicité’ que j’ai mentionné est addictive. La négativité, le ‘trolling’, les brimades sont une addiction. En ligne, on peut se cacher derrière un pseudo, une fausse photo et être méchant, négatif, provocateur, ça cherche à attirer l’attention, mais ça laisse de terribles séquelles. Des mots prononcés peuvent être oubliés, mais ce qu’on écrit est toujours récupérable. En tant que personne ayant été victime de paroles assez dommageables dans ma jeunesse, j’ai grandi avec le réel sentiment que faire en sorte qu’une personne se sente géniale, que les encouragements, les éloges, la positivité, et bien, disons-le simplement, l’amour, sont plus satisfaisants que l’inverse. Je n’ai jamais apprécié les commérages, j’essaye de ne jamais dire du mal des gens si je peux absolument l’éviter. Si quelqu’un vient vers moi et colporte des ragots/déblatère peu importe quel est le terme, je l’arrête et lui dit qu’il parle au mauvais gars. On m’a dit, une fois ‘ceux qui viennent vous raconter des ragots, en colporteront sur vous.’
La chose qui me remplit d’un sentiment d’angoisse, c’est ces interminables émissions de télé-réalité qui semblent encourager des excès dans la négativité, ce qui est déshonorant, un comportement grossier et arrogant. Le fier leitmotiv qui dit " Je dis les choses telles qu'elles sont, je te dis le fond de ma pensée " est, à mon sens, à contre-courant du comportement civilisé.
Il y a une différence entre l’honnêteté et la sincérité et blesser ou humilier ouvertement quelqu’un parce que ça attire l’attention. Ca s’est transformé en un comportement culturel, comme un ‘ programme par défaut ’, qui pointe un doigt agressif vers votre visage.
De ‘ The Real Housewives (1) de… presque partout ’ où les adultes sont rabaissés au crêpage de chignon, aux insultes, à des comportements de cours de récréation,… aux remarques racistes bien plus sérieuses et extrêmement offensantes que le Président Obama a reçu via Twitter, on dirait que les brimades sont devenues une sorte de divertissement, et ‘ à l’extrême ’ un crime haineux. Pour répondre à votre question, l’industrie du divertissement à une grande part de responsabilité.
Je conseillerais à tout le monde de préserver sa précieuse réputation, qu’elle soit mise en avant (révélée) ou anonyme, et de faire en sorte que l’héritage que vous laissez en personne ou en ligne en soit un dont vous êtes fier.
CBS: Nous avons vu des célébrités quitter les médias sociaux suite à des insultes en ligne, comment pensez-vous que cela affectera leur vie professionnelle ?
RA: J’ai toujours vu les médias sociaux comme une expérience. J’ai demandé aux utilisateurs sur mon compte Twitter d’éviter le langage grossier s’ils peuvent, je suis conscient qu’il y a des jeunes, des adultes et des gens tout simplement sensibles qui pourraient être choqués. Et comme mon compte twitter est ' mon bar ', vous devez suivre ' mes règles ' et si ça ne vous plaît pas, vous êtes libres d’aller voir ailleurs. Je préfèrerais ne pas avoir de followers du tout plutôt que d’en avoir qui seraient injurieux.
Block et Mute sont deux dons que nous fait Twitter. Mais je ne suis pas contre tout arrêter et débrancher. Pour les jeunes, c’est bien plus difficile parce qu’ils pourraient être rejetés. Je pense que nous sommes tous plus conscients du cyber-harcèlement, mais les régulations (modérations) ne vont pas vraiment fonctionner, nous devons être responsables les uns des autres. L’empathie est le meilleur moyen de ' rebrancher '… Est-ce que je dirais cela à ma mère ? mon enfant ? mon meilleur ami ? la personne que j’aime ? Si la réponse est non, alors il ne faut pas l’écrire, peu importe que vous soyez en colère ou blessé. Soyez parmi les forts, le ' pionnier silencieux ' de la décence, de l’attention, de la gentillesse et de la considération. Vos mots ricochent, ils peuvent être lus puis relus, longtemps après que vous les ayez oubliés. Soyez bons les uns les autres.
CBS: Quel conseil donneriez-vous aux personnes maltraitées en ligne ?
RA: Je leur dirais de demander aux personnes d’arrêter, de ne pas se lier avec elles. Ne rentrez pas en conflit, vous vous retrouveriez à déverser le même type d’injures. Croyez-moi, sur quelques sites, j’ai vu
un incroyable étalage de querelles d’enfant sans importance devenir un bruit de fond dérisoire.Gardez le silence, essayez d’éviter de lire les propos nauséabonds, cherchez ceux qui vous encouragent et faites de même en retour. Si c’est insupportable, alors demandez de l’aide. Cybersmile, c’est le bon endroit pour commencer.
CBS: Que diriez-vous de la frontière entre critique et insulte en ligne ? Quand est-ce que cela va trop loin selon vous ?
RA: Eh bien, chacun est un critique, n’est-ce pas ? Les mots imprimés peuvent avoir des airs d’ 'analyse critique'. Il y a des critiques professionnels et des gérants d’estrade (ndlt : personnes qui pensent tout savoir mais ne connaissent rien en définitive), mais après tout, tout n’est qu’opinion. Vous êtes libres d’avoir les vôtres et vous pouvez choisir de partager cette opinion ou la garder pour vous. Souvenez-vous que votre opinion n’est pas forcément la même que quelqu’un d’autre.
Le débat est très grand et avoir raison ou tort n’est pas la question. La faculté de discuter et apprécier le désaccord en harmonie est là où notre culture a commencé, dans les forums philosophiques dans la Grèce Antique (2). Vivre et laisser vivre, s’attendre à changer d’avis, mais accepter que certaines personnes aiment le rouge et d’autres préfèrent le bleu. Poulet ou bœuf, plage ou neige, chiens ou chats, barbu ou rasé de près, tout est bon.
Aussi, s’attendre à … Je regarde rarement ce qui se dit sur moi en ligne, mais si j’en ai besoin, quelle qu’en soit la raison, j’ai à l’esprit le mantra ' il y en aura toujours un ' : le clown de service qui tourne quelqu’un en dérision pour faire bêtement rire la galerie (les comédiens professionnels connaissent), le soi-disant ' ami ' que vous choperez en train de ricaner dans un coin avec les autres. Les amis agréables en apparence qui commencent leurs phrases par « je ne veux pas être désagréable, mais… » ou « je ne vais pas être drôle, mais… ». Et oui, nous savons que ce que vous vous apprêtez à dire sera désagréable et pas drôle. Et quand vous pensez que c’en est fini d’eux, ils vous mettent une tape sur l’épaule… Ca peut donner l’impression d’une solitude épuisante, mais ça ne l’est pas. Il y a des personnes qui sont là pour vous, de vrais amis, des membres de la famille, mais aussi des inconnus qui vous soutiendront.
L’objectif des persécuteurs est de planter des graines qui font des racines profondes, si vous les laissez, elles peuvent vous suivre pendant longtemps. Ne les laissez pas, jetez ce qu’ils disent aux ordures (3). Encore une chose, même si vous êtes dans une situation de réel désespoir, vous pouvez peut-être juste prendre un moment pour dire " ces brutes pensent qu’ils sont vainqueurs, mais ce qu’ils font, c’est me faire comprendre comment ne pas traiter les gens. " J’ai eu tellement d’exemples de situations, à l’école ou ailleurs dans le monde (particulièrement dans le monde concurrentiel du show biz mené par l’ego), que j’ai collecté assez de données jusqu’à me faire me sentir mal et que je peux dire , " si un jour je me retrouve dans une situation où je dois être bon avec les gens, les faire se sentir bien, je ferai exactement ça. "
Enfin, il faut savoir que la majorité des personnes sont bonnes et ont des sentiments de bienveillance envers les autres. Soyez une de ces personnes. Trouvez et cherchez la compagnie de ces personnes. Apprenez la tolérance mais au-delà de tout, le pardon.
CBS: Si vous pouviez choisir une liste de chansons pour faire une playlist positive, quels titres choisiriez-vous ?
RA: (Cliquez sur les liens pour écouter)
Just The Way You Are / Bruno Mars
I Gotta Feeling / Black Eyed Peas
Best Day Of My Life / American Authors
One Day Like This / Elbow
Imagine / John Lennon
Make You Feel My Love / Adele
Glory / John Legend
I Really (really really really really really really really really really) Like You / Carly Rae Jepsen
(Ce n’est pas vraiment du Shakespeare !!!)
Notes des traductrices :
(1) ' The Real Housewives': émission de télé-réalité américaine qui montre le quotidien de femmes 'botoxées et silliconées' extrêmement fortunées. Devant le succès, plusieurs déclinaisons sont apparues aux Etats-Unis et à l'étranger: USA: The Real Housewives of Beverly Hills, New-York City, Miami, Atlanta, New Jersey, Orange County... A l'internationale: ' The Real Housewives of Vancouver ', ' The Real Housewives of Israël ', 'The Real Housewives of Athens'... et pour la France ' Les Vraies Housewives Los Angeles ' avec des Françaises ayant épousé de riches Américains. Voir cet article du New York Times
(2) Un petit peu d’histoire: dans l’Antiquité, on parlait de forum romain à Rome ou bien d’Agora en Grèce. C’était une place publique où les citoyens se réunissaient pour traiter d’affaires commerciales, politiques ou religieuses. Ces lieux de réunion sont vite devenus une composante essentielle de la vie en société, une ouverture vers le débat démocratique. Les villes n’ayant pas de forum étaient d’ailleurs considérées comme non civilisées.
(3) Junk/trash: Richard emploie deux mots populaires dont 'trash' qui est particulièrement américain, il rajoute « c’est bien comme ça qu’on dit ? »
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Commentaires
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Merci pour la traduction les filles.