• - Q&A Urban And The Shed Crew, Chapel FM

    Traduction des Q&A 'Urban and the shed crew' par Chapel FM

    7 novembre 2015

     

    Questions/réponses dans le cadre de la projection du film 'Urban and the Shed Crew' menées par Chapel FM au Festival International du Film de Leeds.

    Etaient présents Richard Armitage (Chop), Candida Brady (réalisatrice) et Bernard Hare (auteur) (1) 

     

     Traduction par Jolie Pensée

    (Nous n'avons traduit que les moments où Richard s'exprime)

    Merci à Chapel FM pour la mise en ligne de la vidéo

    Merci à richardarmitagecentral.co.uk pour la transcription

     Photos ©Richard Armitage France, captures d'écran de la vidéo réalisée par Chrysanthe et postée sur la chaîne youtube de RACentral 

     

    A.S : Je m'appelle Adrian Sinclair. Je suis directeur de Chapel FM et je voudrais juste vous souhaiter la bienvenue à vous tous ici. Nous venons de regarder le film et c'est un film fantastique et nous avons la chance de parler avec certains des acteurs principaux, et nous ouvrirons le débat si le public a des questions ou si je me trompe sur ce qui aura été dit précédemment.

    Pour commencer, je voudrais dire que c'est fantastique pour nous en tant que premier lieu d'art de tout l'Est de Leeds. Nous avons ouvert l'année dernière, on était choqués de se dire qu'avant il n'y avait rien ici, 140 000 personnes vivent à l'Est de Leeds et il n'y a jamais eu de lieu consacré aux arts et j'ai rencontré Bernard en 2001 à Burmantofts (2). Nous avons filmé, en fait, on a filmé Bernard et Lee avant que le livre soit écrit et je pense qu'il est une des personnes qui m'a inspirée pour faire des choses positives, pour prendre des risques en ouvrant cet endroit il y a un an malgré le poids de la récession et la coupe de l'aide financière publique. Neuf mille personnes ont visité ce centre dans la première année d'activité et 26% d'entre elles avaient moins de 19 ans. Soixante jeunes gens ont commencé leurs cours ici la semaine dernière et c'est fantastique de sentir qu'on a pu mener ça à bien. Alors c'est un peu une petite explication du pourquoi vous regardez ce film fantastique, la première mondiale, dans ce lieu minuscule où certaines places assises ne nous font pas face et il n'y a pas de parking, rien, et personne ne peut le trouver, mais c'est dans l'Est de Leeds et pour nous c'est vraiment, vraiment important d'avoir ça, ici. Et aussi d'avoir pu en faire une telle chose pour le Festival International du Film de Leeds .

     

    AS à Candida Brady : Vous avez bien sûr à un moment posé cette question à Bernie (ndlt: Bernard Hare), "Si quelqu'un devait jouer ton personnage dans un film ce serait qui ? "

    CB: Bien sûr, il m'est venu à l'esprit... (geste dans la direction de Richard) 

    RA : Il a cru que ce serait un nain... 

    AS : Alors Richard, comment êtes-vous venu sur ce projet ? Qu'est-ce qui vous y a amené ?

    RA : C'est le script de Candy. Étrangement, je l'ai lu dans un aéroport. Je retournais à New-York et il s'est emparé de moi et c'est intéressant de voir comment toutes ces choses arrivent dans votre vie parce que je suis tristement célèbre pour faire des films sans intégrité et je cherchais vraiment quelque chose qui était... réaliste, qui avait un cœur, une âme, et, vous savez, c'est la première fois que je vois le film et j'ai l'impression de le connaître par cœur. Je ne suis que la moitié de cet homme (il montre Bernard). Vous savez, c'était un tournage assez difficile, en tout cas du point de vue des acteurs, parfois on se plaignait que le repas était un peu froid mais ça vous permet de vous rendre compte à quel point vous êtes privilégié... Et je suis juste un narrateur, alors c'est mon travail de lire le script, de lire le superbe livre de Bernard et la seule chose dont les gens parlent, c'est tout ce qu'a fait Bernard et tout ce qui en a découlé, mais ce dont ils ne parlent pas toujours, c'est le cœur et l'âme qu'il y a mis et je pense que c'est mon travail d'exalter tout ça pour le public parce que ce sont des choses que vous ne pouvez pas écrire, que vous ne pouvez pas décrire. Mais quand vous voyez Bernard avec la bande, même maintenant, il y a une telle affinité entre eux... Et avoir été reçu dans ce monde, de prendre part à cela, c'est un immense privilège.

    AS : Et il y a ces mondes cachés que nous pensons connaître et c'est intéressant pour un jeune homme, un jeune homme de 18 ans, qui travaille chez nous comme stagiaire, qui est réalisateur et qui a fait son propre film, à 18 ans, qui a grandi à Windmore, de l'autre côté du périphérique, c'est un petit peu plus loin. Il a étudié à l'école Corpus à Halton Moore, il a regardé le film avec nous, quand nous l'avons vu pour la première fois, et il a dit "Est-ce que les gens vivaient vraiment comme ça ?". Ça m'a vraiment frappé, même pour les gens qui sont du coin, c'est une sorte de monde caché. Est-ce que ça résonne un peu au fond de vous, est-ce que c'est quelque chose que vous connaissiez ?

    RA : Mon père a grandi à Leeds avec ses deux sœurs, ils ont grandi dans les années 40 pendant la guerre et je sais, par exemple, qu'ils dormaient tous dans le même lit. Ils avaient une toute petite maison de ville, il y avait à manger sur la table. Mon grand-père travaillait dans une mine (ou une carrière), donc j'ai entendu toutes ces histoires de mon père, mais les gens du nord sont assez connus pour monter un mur et vous faire croire que tout va bien et que ça va continuer et j'ai l'impression qu'on vit la vie qu'on a et c'est certainement ce qu'ont fait mon père et Bernard. C'est comme tirer le meilleur de ce que vous avez et c'est quelque chose d'unique au nord de l'Angleterre. En fait, en voyant ce film et [en écoutant] le discours sur comment le mot, comment le nom de Leeds est né - et je pense que vous auriez pu en couper un petit peu - ça m'a lassé à la fin, mais cela m'a permis de réaliser que cet état d'esprit était profondément ancré dans le nord de l'Angleterre.

    AS : Et vous parliez de votre façon de jouer, d'être dans la scène, d'avoir le personnage constamment avec vous.

    RA : Oui

    AS : Vous parliez de Bernie et de tout le respect que vous aviez pour lui, sentez-vous que vous aviez trouvé le ton juste ?

    RA : J'ai fumé tellement de cigarettes à rouler... et à la fin du tournage, j'avais vraiment l'air d'une merde. On était des sales gosses parce qu'on n'était vraiment pas supposés fumer du tabac, mais le tabac factice ne brûle pas à l'écran de la même manière que le tabac, alors Anna (3) et moi on a glissé du vrai tabac dedans.

    CB : Je ne savais rien de tout cela.

    RA : Non, elle ne le savait pas, mais ça ne se roule pas de la même façon... Mais, je vous le dis, à la fin du tournage, j'ai dit (il regarde Bernard) " Pourquoi fallait-il que tu sois un fumeur compulsif ? " Mais c'était super. Et maintenant, je peux rouler une cigarette en conduisant !

    CB : Oui 

    RA : Je l'ai fait, j'étais même censé le faire d'une seule main et il sait le faire.

    BH : Oui. Tu m'as vu le faire le premier jour "Montre-nous comment on fait ça ". J'aurais dû déposer un brevet artistique.

     

    17'42 mn. 

    Membre du public : Salut, j'ai vraiment adoré le film, c'était fantastique. Je suis moi-même originaire de Leeds, donc il y a plein de lieux que vous avez filmés que j'ai pu reconnaître. Je me demandais juste comment, avec tout ce que vous avez lu sur Richard, vous avez pu le convaincre de jouer dans le canal ?

    RA : Ne le dites pas...

    CB : C'est un secret professionnel

     

    Membre du public : Et vous le saviez ? Vous saviez au moment de tourner que vous auriez une scène comme ça ?

    CB : Tu as eu un moment terrible !

    RA : Comment m'as-tu convaincu ? 

    CB : En fait, je ne savais pas que Richard n'aimait pas l'eau !                        

    Membre du public : On le savait !

    CB: On va dire que nous avons trouvé quelques compromis.

    RA : On a trouvé un moyen pour que ça ne soit pas traumatisant.

    CB : Et tu as eu une série de scènes dans l'eau, n'est-ce pas ?

    RA : Oui, c'est une blague récurrente. A chaque fois que je lis un script, il n'y a pas de scènes prévues dans l'eau, et tout à coup il y en a une d'écrite, mais là, elle y était dès le début. J'ai juste survolé cette partie du livre.

    CB : En espérant que je la couperais.

    RA : Oui.

    Membre du public : Et vous ne l'avez pas fait !

     

    22'58 mn.

    Membre du public : Je commence à avoir l'impression que le gouvernement, et plus particulièrement le gouvernement actuel, compte sur les organisations caritatives pour distribuer les fonds qu'elles ont sur leurs comptes en banque, parce qu'il n'a pas l'air d'avoir une vision réaliste de ce qu'il se passe vraiment dans le monde, et je vous dis ça de mon point de vue de militaire et parce que je vois ça avec mes jeunes recrues. Je suis chanceux, je suis cadre moyen maintenant, mais je vois avec mes jeunes soldats qui voient leurs petits crédits coupés et ils sont censés avoir un revenu régulier, mais, est-ce que vous pensez que nous devrions nous réjouir que ce soient les organisations caritatives qui payent pour ces choses, parce que c'est l'impression que j'ai ?

    CB : On pourrait avoir un long débat à ce sujet. Mais oui, je suis assez d'accord. Ce pourquoi j'aimais les organisations caritatives pour l'enfance était parce qu'elles faisaient des choses très, très utiles et vous pouvez voir ces choses se réaliser, ce qui est très important.

    RA : Les choses que fait 'Action for Children' (4) sont innovantes et une de ces choses, je pense, qui est 
    vraiment importante, est de tisser un réseau d'entraide pour les travailleurs sociaux parce que, sans cela, vous jetez l'argent par les fenêtres et je pense qu'il faut de l'imagination et je crois que vous avez raison. Là où le gouvernement compte sur les gens pour être généreux et fouiller dans leurs poches, les réseaux sociaux, eux, peuvent mobiliser l'attention et les gens donnent et vous pouvez créer une grosse collecte d'argent en réponse à la faiblesse du gouvernement... Et, c'est ça être gentil.

    CB: Oui

     

    A 29'57 mn. 


    RA
    : Au bout de 10 minutes de film, je me suis rendu compte que j'avais oublié que je disais beaucoup de gros mots et mon neveu va venir voir le film demain et je pensais téléphoner à mon frère pour lui dire que ce ne serait peut-être pas convenable, mais alors il y a quelque chose en moi qui m'a dit qu'en fait ça le concernait. C'est l'histoire d'un gamin de son âge. Si nous le protégeons de cela, c'est un équilibre délicat, parce que vous ne voulez pas qu'ils sortent et qu'ils disent la même chose et en même temps vous ne pouvez pas faire autrement.

    Vous ne pouvez pas mettre cela sous le tapis parce qu'il fait partie de la prochaine génération et il doit être informé de cela et s'il peut voir 'Urban' et s'identifier à lui et réaliser à quel point sa vie est privilégiée, alors il regardera sa vie et réalisera que tout le monde n'est pas égal et que nous devons être plus démocratiques dans la façon dont nous partageons.

    CB : Et puis, je pense... Je ne peux parler que de mes propres enfants, mais je pense que plus vous leur donnez de connaissance, plus ils se sentent en confiance.

    RA : Oui c'est cela.

     

    Notes de la traductrice :

    (1) Bernard Hare est l'auteur du roman 'Urban Grimshaw and the Shed Crew'. Né en 1958, dans une famille de mineurs, Bernard Hare vivait en marge de la société dans une cité malfamée de Leeds et avait une propension à l'alcoolisme et à la prise de drogues, il connaissait donc bien la vie des basses classes de l'Angleterre des années 90. Il fut travailleur social pendant une dizaine d'années avant de créer sa propre société de location. Il rencontra Urban Grimshaw, un garçon de 12 ans illettré et consommateur de drogue, qui lui inspira ce roman publié en 2005. Bernard Hare est maintenant un auteur indépendant.

    (2) Cité à l'Est de Leeds

    (3) Anna Friel joue la mère d'Urban

    (4) Lien vers l'organisme de charité 'Action for Children'  https://www.justgiving.com/actionforchildren

     

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  • Commentaires

    1
    Thorin II
    Vendredi 11 Décembre 2015 à 10:22

    Un très grand merci les filles. Votre travail est formidable. C'est un film qui doit être dur à voir (surtout en tant que parents je pense).

    Dommage que notre chouchou se soit mis au tabac pour çà (à moins qu'il ne fumait déjà....)

    2
    Dimanche 13 Décembre 2015 à 12:21

    Bonjour les filles,

    Je viens juste de lire votre article, et j'apprécie toujours autant tout le travail que vous faites, bravo à la traductrice notamment.

    J'espère qu'il sera possible de voir ce film dans les salles; c'est une bonne chose de traiter d'un sujet aussi grave qui reste le quotidien de beaucoup de gens, de jeunes et de moins jeunes en ce monde.

    C'est bien que Richard et toute l'équipe aient expérimenté la réalité du terrain, le fait notamment, par exemple, de manger froid...La vie dans certains quartiers un peu partout dans le monde est de plus en plus rude, et cela me fait penser également aux SDF qui sont trop souvent oubliés...

    J'espère que Richard ne s'est pas mis à fumer, mais je crois que c'était simplement pour le rôle. Bravo à lui tout de même pour avoir affronté sa peur de l'eau.

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