• Traduction des Q&A 'Urban and the shed crew' par Chapel FM

    7 novembre 2015

     

    Questions/réponses dans le cadre de la projection du film 'Urban and the Shed Crew' menées par Chapel FM au Festival International du Film de Leeds.

    Etaient présents Richard Armitage (Chop), Candida Brady (réalisatrice) et Bernard Hare (auteur) (1) 

     

     Traduction par Jolie Pensée

    (Nous n'avons traduit que les moments où Richard s'exprime)

    Merci à Chapel FM pour la mise en ligne de la vidéo

    Merci à richardarmitagecentral.co.uk pour la transcription

     Photos ©Richard Armitage France, captures d'écran de la vidéo réalisée par Chrysanthe et postée sur la chaîne youtube de RACentral 

     

    A.S : Je m'appelle Adrian Sinclair. Je suis directeur de Chapel FM et je voudrais juste vous souhaiter la bienvenue à vous tous ici. Nous venons de regarder le film et c'est un film fantastique et nous avons la chance de parler avec certains des acteurs principaux, et nous ouvrirons le débat si le public a des questions ou si je me trompe sur ce qui aura été dit précédemment.

    Pour commencer, je voudrais dire que c'est fantastique pour nous en tant que premier lieu d'art de tout l'Est de Leeds. Nous avons ouvert l'année dernière, on était choqués de se dire qu'avant il n'y avait rien ici, 140 000 personnes vivent à l'Est de Leeds et il n'y a jamais eu de lieu consacré aux arts et j'ai rencontré Bernard en 2001 à Burmantofts (2). Nous avons filmé, en fait, on a filmé Bernard et Lee avant que le livre soit écrit et je pense qu'il est une des personnes qui m'a inspirée pour faire des choses positives, pour prendre des risques en ouvrant cet endroit il y a un an malgré le poids de la récession et la coupe de l'aide financière publique. Neuf mille personnes ont visité ce centre dans la première année d'activité et 26% d'entre elles avaient moins de 19 ans. Soixante jeunes gens ont commencé leurs cours ici la semaine dernière et c'est fantastique de sentir qu'on a pu mener ça à bien. Alors c'est un peu une petite explication du pourquoi vous regardez ce film fantastique, la première mondiale, dans ce lieu minuscule où certaines places assises ne nous font pas face et il n'y a pas de parking, rien, et personne ne peut le trouver, mais c'est dans l'Est de Leeds et pour nous c'est vraiment, vraiment important d'avoir ça, ici. Et aussi d'avoir pu en faire une telle chose pour le Festival International du Film de Leeds .

     

    AS à Candida Brady : Vous avez bien sûr à un moment posé cette question à Bernie (ndlt: Bernard Hare), "Si quelqu'un devait jouer ton personnage dans un film ce serait qui ? "

    CB: Bien sûr, il m'est venu à l'esprit... (geste dans la direction de Richard) 

    RA : Il a cru que ce serait un nain... 

    AS : Alors Richard, comment êtes-vous venu sur ce projet ? Qu'est-ce qui vous y a amené ?

    RA : C'est le script de Candy. Étrangement, je l'ai lu dans un aéroport. Je retournais à New-York et il s'est emparé de moi et c'est intéressant de voir comment toutes ces choses arrivent dans votre vie parce que je suis tristement célèbre pour faire des films sans intégrité et je cherchais vraiment quelque chose qui était... réaliste, qui avait un cœur, une âme, et, vous savez, c'est la première fois que je vois le film et j'ai l'impression de le connaître par cœur. Je ne suis que la moitié de cet homme (il montre Bernard). Vous savez, c'était un tournage assez difficile, en tout cas du point de vue des acteurs, parfois on se plaignait que le repas était un peu froid mais ça vous permet de vous rendre compte à quel point vous êtes privilégié... Et je suis juste un narrateur, alors c'est mon travail de lire le script, de lire le superbe livre de Bernard et la seule chose dont les gens parlent, c'est tout ce qu'a fait Bernard et tout ce qui en a découlé, mais ce dont ils ne parlent pas toujours, c'est le cœur et l'âme qu'il y a mis et je pense que c'est mon travail d'exalter tout ça pour le public parce que ce sont des choses que vous ne pouvez pas écrire, que vous ne pouvez pas décrire. Mais quand vous voyez Bernard avec la bande, même maintenant, il y a une telle affinité entre eux... Et avoir été reçu dans ce monde, de prendre part à cela, c'est un immense privilège.

    AS : Et il y a ces mondes cachés que nous pensons connaître et c'est intéressant pour un jeune homme, un jeune homme de 18 ans, qui travaille chez nous comme stagiaire, qui est réalisateur et qui a fait son propre film, à 18 ans, qui a grandi à Windmore, de l'autre côté du périphérique, c'est un petit peu plus loin. Il a étudié à l'école Corpus à Halton Moore, il a regardé le film avec nous, quand nous l'avons vu pour la première fois, et il a dit "Est-ce que les gens vivaient vraiment comme ça ?". Ça m'a vraiment frappé, même pour les gens qui sont du coin, c'est une sorte de monde caché. Est-ce que ça résonne un peu au fond de vous, est-ce que c'est quelque chose que vous connaissiez ?

    RA : Mon père a grandi à Leeds avec ses deux sœurs, ils ont grandi dans les années 40 pendant la guerre et je sais, par exemple, qu'ils dormaient tous dans le même lit. Ils avaient une toute petite maison de ville, il y avait à manger sur la table. Mon grand-père travaillait dans une mine (ou une carrière), donc j'ai entendu toutes ces histoires de mon père, mais les gens du nord sont assez connus pour monter un mur et vous faire croire que tout va bien et que ça va continuer et j'ai l'impression qu'on vit la vie qu'on a et c'est certainement ce qu'ont fait mon père et Bernard. C'est comme tirer le meilleur de ce que vous avez et c'est quelque chose d'unique au nord de l'Angleterre. En fait, en voyant ce film et [en écoutant] le discours sur comment le mot, comment le nom de Leeds est né - et je pense que vous auriez pu en couper un petit peu - ça m'a lassé à la fin, mais cela m'a permis de réaliser que cet état d'esprit était profondément ancré dans le nord de l'Angleterre.

    AS : Et vous parliez de votre façon de jouer, d'être dans la scène, d'avoir le personnage constamment avec vous.

    RA : Oui

    AS : Vous parliez de Bernie et de tout le respect que vous aviez pour lui, sentez-vous que vous aviez trouvé le ton juste ?

    RA : J'ai fumé tellement de cigarettes à rouler... et à la fin du tournage, j'avais vraiment l'air d'une merde. On était des sales gosses parce qu'on n'était vraiment pas supposés fumer du tabac, mais le tabac factice ne brûle pas à l'écran de la même manière que le tabac, alors Anna (3) et moi on a glissé du vrai tabac dedans.

    CB : Je ne savais rien de tout cela.

    RA : Non, elle ne le savait pas, mais ça ne se roule pas de la même façon... Mais, je vous le dis, à la fin du tournage, j'ai dit (il regarde Bernard) " Pourquoi fallait-il que tu sois un fumeur compulsif ? " Mais c'était super. Et maintenant, je peux rouler une cigarette en conduisant !

    CB : Oui 

    RA : Je l'ai fait, j'étais même censé le faire d'une seule main et il sait le faire.

    BH : Oui. Tu m'as vu le faire le premier jour "Montre-nous comment on fait ça ". J'aurais dû déposer un brevet artistique.

     

    17'42 mn. 

    Membre du public : Salut, j'ai vraiment adoré le film, c'était fantastique. Je suis moi-même originaire de Leeds, donc il y a plein de lieux que vous avez filmés que j'ai pu reconnaître. Je me demandais juste comment, avec tout ce que vous avez lu sur Richard, vous avez pu le convaincre de jouer dans le canal ?

    RA : Ne le dites pas...

    CB : C'est un secret professionnel

     

    Membre du public : Et vous le saviez ? Vous saviez au moment de tourner que vous auriez une scène comme ça ?

    CB : Tu as eu un moment terrible !

    RA : Comment m'as-tu convaincu ? 

    CB : En fait, je ne savais pas que Richard n'aimait pas l'eau !                        

    Membre du public : On le savait !

    CB: On va dire que nous avons trouvé quelques compromis.

    RA : On a trouvé un moyen pour que ça ne soit pas traumatisant.

    CB : Et tu as eu une série de scènes dans l'eau, n'est-ce pas ?

    RA : Oui, c'est une blague récurrente. A chaque fois que je lis un script, il n'y a pas de scènes prévues dans l'eau, et tout à coup il y en a une d'écrite, mais là, elle y était dès le début. J'ai juste survolé cette partie du livre.

    CB : En espérant que je la couperais.

    RA : Oui.

    Membre du public : Et vous ne l'avez pas fait !

     

    22'58 mn.

    Membre du public : Je commence à avoir l'impression que le gouvernement, et plus particulièrement le gouvernement actuel, compte sur les organisations caritatives pour distribuer les fonds qu'elles ont sur leurs comptes en banque, parce qu'il n'a pas l'air d'avoir une vision réaliste de ce qu'il se passe vraiment dans le monde, et je vous dis ça de mon point de vue de militaire et parce que je vois ça avec mes jeunes recrues. Je suis chanceux, je suis cadre moyen maintenant, mais je vois avec mes jeunes soldats qui voient leurs petits crédits coupés et ils sont censés avoir un revenu régulier, mais, est-ce que vous pensez que nous devrions nous réjouir que ce soient les organisations caritatives qui payent pour ces choses, parce que c'est l'impression que j'ai ?

    CB : On pourrait avoir un long débat à ce sujet. Mais oui, je suis assez d'accord. Ce pourquoi j'aimais les organisations caritatives pour l'enfance était parce qu'elles faisaient des choses très, très utiles et vous pouvez voir ces choses se réaliser, ce qui est très important.

    RA : Les choses que fait 'Action for Children' (4) sont innovantes et une de ces choses, je pense, qui est 
    vraiment importante, est de tisser un réseau d'entraide pour les travailleurs sociaux parce que, sans cela, vous jetez l'argent par les fenêtres et je pense qu'il faut de l'imagination et je crois que vous avez raison. Là où le gouvernement compte sur les gens pour être généreux et fouiller dans leurs poches, les réseaux sociaux, eux, peuvent mobiliser l'attention et les gens donnent et vous pouvez créer une grosse collecte d'argent en réponse à la faiblesse du gouvernement... Et, c'est ça être gentil.

    CB: Oui

     

    A 29'57 mn. 


    RA
    : Au bout de 10 minutes de film, je me suis rendu compte que j'avais oublié que je disais beaucoup de gros mots et mon neveu va venir voir le film demain et je pensais téléphoner à mon frère pour lui dire que ce ne serait peut-être pas convenable, mais alors il y a quelque chose en moi qui m'a dit qu'en fait ça le concernait. C'est l'histoire d'un gamin de son âge. Si nous le protégeons de cela, c'est un équilibre délicat, parce que vous ne voulez pas qu'ils sortent et qu'ils disent la même chose et en même temps vous ne pouvez pas faire autrement.

    Vous ne pouvez pas mettre cela sous le tapis parce qu'il fait partie de la prochaine génération et il doit être informé de cela et s'il peut voir 'Urban' et s'identifier à lui et réaliser à quel point sa vie est privilégiée, alors il regardera sa vie et réalisera que tout le monde n'est pas égal et que nous devons être plus démocratiques dans la façon dont nous partageons.

    CB : Et puis, je pense... Je ne peux parler que de mes propres enfants, mais je pense que plus vous leur donnez de connaissance, plus ils se sentent en confiance.

    RA : Oui c'est cela.

     

    Notes de la traductrice :

    (1) Bernard Hare est l'auteur du roman 'Urban Grimshaw and the Shed Crew'. Né en 1958, dans une famille de mineurs, Bernard Hare vivait en marge de la société dans une cité malfamée de Leeds et avait une propension à l'alcoolisme et à la prise de drogues, il connaissait donc bien la vie des basses classes de l'Angleterre des années 90. Il fut travailleur social pendant une dizaine d'années avant de créer sa propre société de location. Il rencontra Urban Grimshaw, un garçon de 12 ans illettré et consommateur de drogue, qui lui inspira ce roman publié en 2005. Bernard Hare est maintenant un auteur indépendant.

    (2) Cité à l'Est de Leeds

    (3) Anna Friel joue la mère d'Urban

    (4) Lien vers l'organisme de charité 'Action for Children'  https://www.justgiving.com/actionforchildren

     

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  • Traduction de l'interview que Richard a accordé à Empire magazine du mois de Décembre 2015

     

    Merci à richardarmitagenet.com pour le scan

    Traduction par Jolie Pensée

    - Empire Magazine, décembre 2015

    Combien coûte une pinte de lait ? 

    La star du Hobbit parle d'un barattage inattendu (3)

     

    Quels posters aviez-vous sur les murs de votre chambre quand vous étiez enfant ?

    Je crois me souvenir avoir eu un poster de Terminator et un de Samatha Fox. Mettez ces deux-là dans un film ! Ce serait dingue.

     

    Avez-vous un surnom ?

    Si je vous le dis, tout le monde va se mettre à m’appeler comme ça sur les réseaux sociaux et c’est très personnel, donc je ne peux pas le dire. Mon frère se fait appeler « Armo ». ça sonne australien, vous ne trouvez pas ?

     

    Combien coûte une pinte de lait (1) ?

    Je pense environ £1.70. Non ? 89 pounds ? Sur le site internet que je viens de chercher (2), le babeurre Saint Ives coûte… Oh attendez c’est du babeurre (3). Je me suis un peu trompé. J’ai mon Ipad devant moi. Je ne bois pas vraiment de lait.

     

    Avez-vous déjà mis un coup de poing à un réalisateur ?

    Non jamais. Si je me suis déjà disputé avec un réalisateur ? J’ai pu avoir des moments tendus (ndlt : littéralement des moments où j’ai serré les fesses) où j’ai pu me cogner la tête contre un mur, mais est-ce que c’était le but ? Mais on n’obtient rien en faisant cela.

     

    Quelle est la dernière série que vous avez arrêté de regarder ?

    Oh mon Dieu. Vous savez quoi ? Je dirais 'Game of Thrones'. J’ai commencé à regarder après avoir terminé 'Le Hobbit' et je pense que c’était trop fantastique pour moi. Je suis sûr que je vais y revenir, mais je n’en pouvais plus des perruques et des dragons et de tout ça. Ça avait trop duré ! (4)

     

    Jusqu’où êtes-vous allé ?

    Je ne suis pas allé loin. Tout le monde dit que je ferais mieux de la regarder mais plus les gens me le disent et plus j’ai envie de regarder 'House of cards'.

     

    Sur une échelle de un à dix, à quel point avez-vous le cul poilu ?

    Je vous demande pardon ? Il est hors de question que je réponde à cette question, jamais de la vie. Qui voudrait connaître la réponse à cela ?

     

    Bon

    Si vous voulez parler de mes fesses et de ma raie des fesses ? La réponse est dans l’épisode 11 d’Hannibal.

     

    Avez-vous des cicatrices ?

    J’en ai une entre les sourcils que j’ai eue pendant le Hobbit. J’ai l’impression qu’elle restera toujours. Je me la suis faite moi-même entre les deux yeux avec un petit crochet sur l’épée Orcrist et ça a transpercé la prothèse et coupé un bout de peau entre mes sourcils. On a fait arrêter le saignement et quand j’ai retiré la prothèse, ça a rouvert la plaie et j’ai mis un pansement dessus. Je pense que j’aurais dû avoir des points de suture.

     

    Quel est le dernier film que vous vous êtes payé ?

    'Ex Machina'. Argent bien dépensé.

     

    Quelle est la question la plus stupide qu’on ne vous ait jamais posée ?

    Je pense que c’est sûrement « Sur une échelle de un à dix, à quel point avez-vous le cul poilu ? » 

     

    Qu’avez-vous dans votre poche actuellement ?

    Rien. Mes parties génitales sont dans ma poche en ce moment.

     

    Quelle est la pire chose que vous n’ayez jamais mangée ?

    C’était une minuscule fourmi amazonienne. J’ai mangé ça quand j’étais à Sao Paulo dans un restaurant très cher, mais ça avait beaucoup de goût. Ça avait un goût de citron.

     

    Comment appelleriez-vous votre autobiographie ?

    ' Mes parties génitales sont actuellement dans ma poche. '

     

    Le saviez-vous ?

    Il joue de la flute.

    Il souffre d’aquaphobie, la peur de se noyer.

    Il est né le jour de l’anniversaire de la mort de Richard III (ndlt : 486ème anniversaire pour être précis)

     

    Notes de la traductrice:

    (1) Une pinte représente 568 ml

    (2) Le mot utilisé par Richard était Googled. Dans le langage usuel, Google est devenu un verbe signifiant « rechercher sur Internet »

    (3) Le babeurre est du lait fermenté. Le barattage est la transformation de la crème du lait en beurre dans la baratte, par séparation de la matière grasse et du babeurre.

    (4) Malheureusement, le jeu de mots n’a aucune signification en français. Ici Richard dit « I was dragoned out » jeu de mots avec les verbes drag on et drag out qui signifient traîner en longueur.

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  •  Traduction de l'interview de Richard par William Bibbiani dans le magazine Fangoria #383 de septembre 2015

     Crédit photos ©@NBCHannibal, @BryanFuller@lorettaramos@neoprod

     

    Traduction par Jolie Pensée et Translator Girl

     

       

    Un grand merci à Anna Sofia pour son autorisation de partager ses scans. A huge thanks to Anna Sofia for her authorisation to share her scans. 

     

    Un enfant très timide

    Joué par Richard Armitage, Francis Dolarhyde est aussi tragique qu’il est sauvage. 

     

    Pour un enfant non désiré, élevé par une grand-mère abusive dans une maison pour les personnes âgées, cerné par la mort et dissimulé à cause de sa difformité faciale, Francis Dolarhyde revient de loin. 

    Sujet du second roman de Thomas Harris 'Le Dragon Rouge', il embobine les lecteurs avec la psyché terrifiante d'un tueur en série qui espionne des familles, pénètre dans leurs maisons et les transforme en 'cadavres aux yeux-miroirs' capables de le voir, et même de l'aimer. Il a inspiré, non pas un, mais deux films 'Manhunter' de Michael Mann (1986) et 'Dragon Rouge' de Brett Ratner (2002), incarné par deux bons acteurs, Tom Noonan et Ralph Fiennes.

    Et maintenant, Francis Dolarhyde, alias The Tooth Fairy (un nom qu'il déteste), alias The Great Red Dragon (il aime celui ci), revient dans la série acclamée Hannibal, dans laquelle 6 épisodes lui sont consacrés, à la fin de la saison. Joué par Richard Armitage, acteur dans la trilogie du Hobbit de Peter Jackson. Dolarhyde est plus présent à l'écran qu'auparavant pour mieux nous terrifier et nous envoûter. Hannibal dépeint la folie particulière de Dolarhyde en détail, une responsabilité qui n'est pas passée inaperçue pour Armitage qui a tenu un journal personnel décrivant l'état d'esprit du Dragon Rouge. Fangoria a discuté très longuement avec Armitage sur ce qui fait avancer Dolarhyde, comment il est revenu à la vie une fois encore et pourquoi, après toutes ces années, nous l'aimons tellement.

     

    F: Francis Dolarhyde est un personnage qui est connu depuis plus de 30 ans maintenant. Il nous fascine toujours et on essaye de le cerner. A votre avis, qui ou qu'est Dolarhyde ?

    RA: Mon Dieu, c'est une vaste question ! Je n'avais pas réalisé que cela faisait 30 ans, c'est fascinant. Ce qui m’a intrigué, quand j’ai lu le livre, c’est tout ce qui m’avait attiré vers ce personnage
    et toutes les réactions que les gens m’ont rapportées à son sujet : des deux films précédents, l’air choqué des gens quand vous leur dites que c’est le rôle que vous allez jouer mais aussi l’étude du livre pour découvrir le genre de profil psychologique que Thomas Harris a dressé pour le personnage.
     C'est exactement ce qui m'intrigue dans tout mon travail parce que je suis un adulte dans la moitié de la quarantaine et j'ai tendance à jouer des personnages ayant à peu près le même âge que moi et qui ont une profonde conscience de qui ils sont de par la manière dont ils ont été éduqués, ou de l'environnement dans lequel ils ont grandi. Thomas Harris a construit avec le personnage quelque chose de fascinant qui n'est ni une excuse, ni une explication : ça vous montre juste le chemin que cet homme a emprunté et comment il arrive à ce moment là avec un esprit et un corps qu'il ne comprend pas et n'aime pas forcément. Il tente de changer et d'évoluer. Je le vois comme quelqu'un qui essaye de muer physiquement mais aussi psychologiquement.

     

    F: Il a toujours été question de transformation chez Dolarhyde, mais en quoi se transforme-t-il ? Quand on le voit dans la première scène, il semble être au plus mal, très démoralisé, avant qu'il ne découvre l'oeuvre de William Blake. 



    RA: Oui, c'est encore quelque chose qui m'a fasciné parce que j'ai l'impression de me sentir concerné dans une certaine mesure. J'ai probablement passé plus de temps dans ma vie à m'analyser un peu, à être insatisfait de moi, à regarder les autres à travers moi-même, à m'observer à travers les autres. 
    Je pense que c'est pourquoi je suis acteur. J'ai saisi cela à travers ce personnage. En un sens, j’ai saisi cela à travers le personnage dont l’éveil arrive très tard dans sa vie. J'ai l'impression que ce qu'il est essentiellement, il le doit aux autres personnes, au fait d'avoir été abandonné par sa mère, mis en orphelinat pour être adopté par une famille qui l'a méprisé, d'avoir été ridiculisé, injurié.

    Tout ce qu'il a appris sur lui-même, il l'a reçu de son environnement, et ça a été largement négatif. Alors l'adulte que vous voyez est plus un enfant emprisonné dans un corps d'adulte, c'est quelqu'un qui n'a pas vraiment quitté l'enfance. Dans son esprit, il est toujours dans sa jeunesse torturée. Il n'a pas été capable de s'en échapper, même si son corps a grandi. C'est un petit drame intrinsèque qui se déroule à l'intérieur de lui. Il veut devenir un homme, mais il ne peut pas parce qu'il ne vit pas dans le même genre de société que nous.

     

    F: On décrit souvent des personnes qu'on pense être des monstres comme étant une conséquence d'abus, comme si ça justifiait tout, mais ce qu'on peut voir chez Dolarhyde, c'est qu'il est comme ça parce qu'il a dû apprendre à vivre en étant abusé. Il ne réagit pas aux stimuli habituels des personnes dites normales.

    RA: Oui et d'une certaine façon, je crois que l’adaptation et la survie en sont la clé, de la même manière qu'un cafard peut survivre quand vous l'écrasez parce que les cafards sont les anathèmes des
    gens (1). Les gens essayent de les tuer, alors ils ont évolué à travers les années et se sont, en quelque sorte, blindés. Je pense que Dolarhyde est dans le même genre de monde musclé. Je ne veux pas dire physiquement, bien que ce soit vrai pour lui. Il y a une étrange dichotomie (scission) entre sa résistance et sa fragilité. C'est ce qui le rend extrêmement fascinant. Il y a un terrible, terrible enfant fragile dans ce physique d'homme blindé. D'une certaine manière - alors que son corps devient plus puissant – il devient plus fort et plus musclé, et c'est sa propre création. Il protège l'enfant fragile et l'autorise presque à vivre sans cette armure que représente finalement le dragon. Mais, je ne sais pas s'il est conscient de cela comme je le suis. Je connais ça de lui parce que j'ai étudié ce côté. J'ai l'impression qu'il vit dans un monde de sensualité pas vraiment logique.

     

    F: Pensez-vous que Dolarhyde a une idée, d'un point de vue extérieur, de ce qu'il fait, ou est-il si seul qu'aucune autre perspective ne l'affecte ?

    RA: Pour être honnête, je ne sais pas s'il a une idée de sa place dans le monde, je pense qu'il est trop seul. Il ne regarde pas la télé, il n'est pas connecté aux réseaux sociaux. La seule chose qu'il connaisse vraiment est le travail qu'il fait dans le laboratoire de développement de films et les images de films qu'il examine religieusement. Je crois qu'il rentre chez lui tous les soirs et étudie et étudie ces images. Il fait partie des spectateurs de la vie. D'une certaine manière, il vit par procuration à travers chaque morceau de pellicule qu'il regarde.

    Il regarde des familles, il regarde des gens. Tout ce qu'il voit sur les films est en quelque sorte une vie qu'il ne vivra jamais. Je pense que, dans un sens, les crimes - les étapes qui mènent à ces crimes – le représentent ouvrant cette porte et volant quelque chose pour lui-même. Mais c'est étrange, il y a quelque chose d'artistique dans ce qu'il fait. C'est quelque chose que Thomas Harris décrit de façon très intéressante. La première fois qu'il s'installe pour regarder les images - je pense que c'est les meurtres qu'il a commis à Leeds - il est décrit comme étant très mécontent du manque de talent artistique avec lequel il a filmé et combien il est dégoûté de lui-même et de la manière dont le film est monté. Ce n'est pas aussi beau ou divin que ce dont il avait rêvé, et c'est, en fait, plutôt basique et dégoûtant. Il a conscience de ça, et c'est pourquoi il recommence à le faire à nouveau, mais en essayant de le faire mieux. C’est difficile d’arriver à le décrire parce que je le vois comme quelqu'un qui essaye d'atteindre une illumination, mais à travers une route sombre. C'est assez perturbant, vraiment.

     

    F: Pensez-vous qu'il veut cette famille, ou pensez-vous que la violence vient du fait qu'il en veut aux autres d'avoir ce qu'il n'a pas, ou n'a jamais eu ?

    RA: Non, je ne pense pas qu'il veuille détruire quelque chose intentionnellement, en fait. Je pense qu'il le vole pour lui-même. Il vole le sang de la vie qu'il veut. Il désire avoir un contact physique. Il y a un éveil sexuel en lui, mais il ne sait pas comment avoir cela avec un être humain vivant qui respire, parce qu'il vit vraiment dans un monde de mort. Son premier éveil sexuel dans le livre est décrit en rapport avec  l'abattage de poulets et Harris restitue très nettement cela pour nous, donc ça semble approprié. Mais c'est associé à la violence, comme le fait que sa grand-mère tienne une énorme paire de ciseaux au-dessus de ses parties génitales, menaçant de les couper, et sa manière à lui d'exprimer son amour pour elle en la surveillant au milieu de la nuit avec une hache ... C'est un amour authentique. Ce n'est pas une sorte de cruauté, c'est un enfant qui ne comprend pas la différence entre la vie et la mort. Vivre dans une maison remplie de personnes qui sont proches de la mort - cette maison de vieilles personnes décrépites qui ont été ses camarades de jeu pendant presque toute son enfance- fait qu'il a un tel manque de compréhension de la jeunesse et de la vie. Alors quand son éveil sexuel arrive, c'est associé à de terribles choses. J'ai l'impression que tous, dans un sens, nous suivons un chemin toute notre vie qui est programmé en nous très, très tôt, comme celui qui nous mène à ce que nous sommes en tant qu’être sexuel, à n'en pas douter.

     

    F: Un des éléments les plus tragiques de l’histoire de Dolarhyde est que dans sa vie apparaît Reba McClane et vous comprenez que la rédemption, ou en tout cas le droit chemin, était juste là, si seulement il avait pu attendre. Pensez-vous que c’est ce qu’il ressent ou a-t-il l’impression que l’amour de quelqu’un comme Reba lui tombe dessus à cause du Grand Dragon Rouge ?


    RA: C’est intéressant, parce que j’ai l’impression qu’il n’a aucun point de référence sur ce qu’est l’amour et de quoi ça a l’air. Alors quand il la rencontre, c’est une situation particulière. Il n’a jamais été en présence d’une femme en vie. Quiconque peut le voir, il se met alors dans l’ombre et s'en éloigne. Et cette fille aveugle est quelqu’un avec qui, pour la première fois dans sa vie, il se sent bien. Il n’y a pas de point de référence et dans un sens, c’est son émancipation, la route qui l’amène à se transformer, qui lui donne la force d’avancer qui fait que s’il l’avait rencontrée un an avant, il n’aurait probablement pas été capable de le faire.

    Mais je sens que la vraie compréhension est en lui quand il arrive au moment où il doit faire le choix de la donner au dragon ou la garder pour lui, c’est là qu’il est le plus lucide de toute l’histoire. Alors qu’avant ça, il avait été guidé par ses sentiments et une certaine naïveté. A ce moment, il est en possession de tous ses moyens. C’est un véritable éveil de conscience et une réflexion de lui-même, et c’est presque à ce moment précis que l’esprit schizophrène se scinde vraiment en deux et que le dragon devient quelque chose totalement hors de lui.

     

    F: Quand j’ai parlé avec Bryan Fuller, il était très impressionné par votre incorporation de mouvement ressemblant à une chorégraphie pour Dolarhyde. Pouvez-vous m’en dire plus ?

    RA : C’est venu d’une ligne du roman, quand Harris décrit une manière stylisée de bouger face à la caméra dans la maison du meurtre. Il le décrit comme un danseur balinais (2). Je regardais ceci, je regardais cela et je prenais conscience de ce qu’ Harris pensait peut-être, et à mes yeux, ça avait une sorte de douceur kitsch et mignonne qui ne me plaisait pas. Mais je savais que ce côté stylistique allait m’intéresser. Je viens d’étudier le Butoh (3) qui est une forme de danse japonaise. C’est comme une étude biologique du corps à travers la musique et le mouvement, et certains sont très courts. Le corps est peint en blanc. C’est souvent associé à la mort, à l’anxiété et à l’agonie. C’est comme regarder son corps au moment de la mort. Je pensais que ce serait parfait pour Dolarhyde, parce que vous voyez vraiment tous les os du corps, mais vous voyez aussi le corps évoluer. C’est éreintant, très intense, c’est musculaire et sexuel aussi et je sentais que toutes ces choses apporteraient quelque chose au personnage et le rendrait hors du commun. Parce que la plupart du temps, ce qui lui arrive n’est pas une représentation (ndlt : au sens artistique), il est seul dans sa chambre, il est seul dans sa maison, donc il ne le fait pas pour quelqu’ un d’autre. C’est juste une chose sensuelle qui coule dans son corps, c’est kafkaien en un sens. Pour moi, c’est comme une métamorphose. (4)

     

    F: J’ai entendu dire que vous teniez un journal comme Francis Dolarhyde

    RA: Oui, je l’ai fait...

     

    F: Pouvez-vous me dire ce que représentait ce journal pour vous et combien y en a –t-il ?

    RA: Oui, ça prenait des formes variées. J’écrivais d’après le roman, pour commencer. C’était essentiellement un stylo, du papier et un cahier , comme un journal classique, et je notais juste dessus des grandes citations. Je les prenais toujours du roman. Mes écrits étaient très brouillons vers la fin du tournage parce que je n’arrêtais pas d’y revenir. Mais après, j’ai laissé couler librement et j’ai essayé de trouver les pensées derrière les actions qu’ Harris faisait vivre au personnage. C’était toutes sortes de choses. J’écoutais beaucoup de musique, j’avais fait une playlist et j’ai tiré un grand album de photographies. Certaines étaient réelles, concrètes, d’autres étaient très abstraites. Au début, avant que je n’étudie vraiment le personnage, c’était des choses aléatoires, et curieusement à mi-parcours, il s’est passé quelque chose et j’ai repris mes photos et j’ai pensé 'Ah c’est ce moment où… c’était cette petite scène '. Il y a également eu une image dans le petit trailer (celui de la saison 3 d’Hannibal) où l’on voit le tatouage dans son dos. J’ai pensé à plein d’images comme la torture médiévale et la corseterie, une espèce de serrage de corps avec du cuir, du fer, du métal, et du coup, certaines images avaient l’air d’emballer le corps comme le tatouage. C’est intéressant de voir comme tout cela est devenu subliminal. C’était presque comme écrire une sorte de personnage subconscient.

     

    F: Maintenant que vous avez incarné ce personnage, qu’est-ce qui, chez Dolarhyde, est foncièrement effrayant et qui fait qu’on parle encore de lui et qu’on le ramène à la vie des années plus tard ?


    RA: Je pense que la chose la plus effrayante chez lui - certainement en tant que personnage qui a été complètement ou partiellement dans son esprit - est que vous tombez un peu amoureux de lui. Vous voyez quelle vie tragique il a, et vous lui souhaitez le meilleur malgré les horribles choses qu’il a faites et vous voulez qu’il s’en débarrasse. Vous voulez qu’il émerge du bon côté et d’une certaine façon, c’est exactement là que se trouve Will Graham.

    Il voit que l’homme peut se racheter, qu’il y a une chance de rédemption, et Hannibal ressent le contraire, il a envie de le pousser vers les ténèbres. Ce que je trouve certainement fascinant chez Dolarhyde, c'était que je ne l’ai jamais vu comme un mauvais garçon. Je l’ai regardé comme une âme très très torturée, assez terrifiante, qui est tombée amoureuse d’une femme, je pense.

     

    Notes des traductrices :

    (1) Richard utilise le mot 'anathème' dans le sens où les cafards sont la bête noire des gens.

    (2) Les chorégraphies des danses traditionnelles de Bali (le Legong) sont faites de mouvements et positions précises des mains, des doigts et du visage. 

    (3) Le Butoh (ou butō) est une danse japonaise née dans les années 60 en réaction aux traumatismes de la seconde guerre mondiale particulièrement aux bombardements d’Hiroshima et Nagasaki. Elle se caractérise par sa lenteur, sa poésie et son minimalisme. Qualifiée de subversif, le butō se danse souvent totalement nu, le corps peint en blanc et le crâne rasé. Le butō est plus un concept qu’une danse à proprement parler, c’est une forme d’expression de ses sentiments par le mouvement. Chaque mouvement par sa lenteur ou son geste est une écriture de son état. La performance du butō relève des mouvements pas toujours naturels qu’on impose à son corps.

    (4) Ici, Richard fait référence à la métamorphose de Kafka. Le personnage principal se réveille un matin métamorphosé en horrible insecte. Sa famille l’enferme afin qu’il ne soit pas à la vue des autres et le rejettent. Son père essaiera aussi de le tuer à plusieurs reprises. De nombreuses interprétations en ont été faites, du traitement des juifs pendant la seconde guerre mondiale, à la relation que Kafka a eue avec son propre père, au rejet de personnes différentes. On dit qu’une situation est kafkaienne quand elle tombe dans l’absurde ou l’illogisme qu’affectionnait Kafka (particulièrement dans ' Le procès ')

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  • Traduction de l'interview que Richard a accordé à thejakartaglobe.beritasatu.com le 24 juillet 2015

     

    Traduction par Jolie Pensée 

     

    Richard Armitage passe du Prince nain au tueur La fée des dents (1)

     

    L’acteur britannique Richard Armitage est Francis Dolarhyde, le tueur en série qu’il interprète dans le thriller Hannibal  , « un grand travail de maîtrise » (Photo © AXN)

     

    Après s’être aventuré dans des blockbusters tels que Captain America: the first avenger et la trilogie du Hobbit, l’acteur Richard Armitage revient sur le petit écran dans Hannibal.

    La série d’horreur de Bryan Fuller est une série applaudie par la critique mettant en scène Hugh Dancy, Mads Mikkelsen et Gillian Anderson et qui en est actuellement à la deuxième moitié de sa troisième saison sur AXN en Asie, où chaque nouvel épisode est diffusé 12 heures après sa diffusion aux USA. A partir de ce week-end (2), les téléspectateurs et les Fannibals, c’est sous ce nom qu’on connait les fans de la série, vont pouvoir apprécier la performance de Richard Armitage en Francis Dolarhyde, un tueur en série et le personnage principal du Dragon Rouge de Thomas Harris, roman dont est tirée Hannibal.

    Dolarhyde, aussi connu sous le nom de Fée des dents pour son penchant à mordre ses victimes, était précédemment interprété par Tom Noonan en 1986 dans le film Manhunter  et par Ralph Fiennes en 2002 dans Red dragon . L’interprétation d’Armitage du tueur emblématique sera la première diffusée à la télé, ce qui permettra à l’acteur d’avoir une plus grande marge de manœuvre pour interpréter et jouer avec le personnage.

    Au téléphone depuis Vancouver jeudi, Armitage a dit au Jakarta Globe que jouer Dolarhyde était pour lui une possibilité d’explorer quelque chose qu’il n’avait pas fait, ni joué avant.

    " Travailler sur le Hobbit était une expérience participative épanouissante, mais c’était très technique, a-t-il dit. Donc, après la fin du Hobbit, je suis parti à la recherche d’un personnage, j’ai passé beaucoup de temps à chercher des films indépendants centrés sur les personnages."

    Armitage a dit qu’il était un fan de Fuller et qu’il a suivi la plupart de son travail à la télévision, mais il a trouvé que Dolarhyde, en tant que Dragon Rouge dans l’histoire d’ Hannibal, était difficile à comprendre. Il a passé 10 jours à étudier le roman et à façonner son corps et il a été ravi d’apprendre que Fuller avait l’intention d’être fidèle au livre.

    "Dolarhyde est un homme qui a connu la douleur, qui a eu une expérience amoureuse pour la première fois et il a eu ces terribles, déroutantes pulsions à vouloir détruire les familles afin de se renforcer lui-même."  Il ajoute : En tant qu’homme, j’avais de l’empathie et de la sympathie pour lui, mais je haïssais ce qu’il faisait aux gens et j’avais envie de le condamner. "

    Dans les épisodes, Dolarhyde se décrit comme un fan d’Hannibal Lecter (Mads Mikkelsen) et traque la famille de l’enquêteur Will Graham (Hugh Dancy). Armitage nous a dit que la série allait dévoiler un dangereux triangle entre Lecter, Dolarhyde et Graham, chacun essayant de s’inciter ou de se stopper les uns les autres.

    Armitage appelait Dolarhyde ' un grand travail de maîtrise ' et a dit qu’il était content d’avoir 6 épisodes à jouer dans Hannibal. Dans l’histoire d’origine, Dolarhyde s’appelle lui-même ' le dragon '. Harris dit que le personnage a été inspiré de la peinture de William Blake (3) ' The Great Red Dragon and The Woman Clothed in Sun ' (4)

    On peut le voir dans le présent, luttant contre ses difficultés d’élocution, tombant amoureux et il voit que sa liaison amoureuse se développe, c’est là qu’il commence à combattre la symbolique du dragon à l’intérieur de lui ", dit Armitage.

    Il a appelé sa première journée de tournage ' l’épreuve par la neige ', parce que c’était une nuit d’hiver à Toronto, avec une température glaciale de -17°. La scène qui se tournait nécessitait qu’il soit dehors dans un jardin, nu et couvert de sang en hurlant sous la lune. C’est  un aperçu de la bande annonce de la troisième saison d’Hannibal dont Armitage dit qu’il a dû s’armer de courage pour être debout nu face à l’équipe.

    J’ai eu plusieurs scènes où je jouais une histoire d'amour avec Reba McClane (jouée par Rutina Wesley), ces jours-là étaient sympa " dit-il. " Et il y a avait certains jours où ce qui se déroulait sur le tournage était pénible, alors je rentrais et décompressais de différentes façons, mais l’équipe était vraiment sympa et me soutenait et essayait de me rendre les choses pas trop horribles."

    Même si Dolarhyde est un personnage dévorant, Armitage nous a dit qu’il était content d’avoir eu la possibilité de jouer sa scène préférée du roman.

    "C’est quand le dragon et Francis sont séparés dans son esprit, c’est une sorte de schizophrénie, le dragon attaque Francis et lui arrache un bout de chair dans le dos. J’étais excité d’essayer et de découvrir comment il était possible de jouer cette scène où vous vous disputez et vous battez contre vous-même. "

    Pour Armitage, Hannibal marque le retour à la télévision, c’est par ce moyen que sa carrière a connu de grands moments. A la base acteur de théâtre dans la grande tradition britannique, Armitage a d’abord connu le succès à la télé britannique en 2008 dans Spooks. A maintenant 43 ans, il dit que la différence entre les séries de la télé britannique et celles de la télé américaine se situe principalement au niveau de la conception de la production.

    Pour pouvoir jouer Francis Dolarhyde, Armitage a dû adopter un langage américain pour toute la durée du tournage, mais également entre les scènes et en dehors du tournage.

    Affronter les difficultés d’élocution était assez difficile, à cet égard, ça me permettait de vivre dans le monde de Francis Dolarhyde ", dit-il.

    Le travail post-Hannibal d’Armitage comprend un thriller médiéval Pilgrimage, tourné en Belgique et en Irlande. Actuellement en cours de production Brain on Fire (5), l’histoire vraie d’une fille souffrant d’une maladie rare du cerveau tourné à Vancouver.

    En ce moment, j’interprète un personnage très gentil et aimant, un vrai père de famille qui lutte très dur pour sauver la vie de sa fille, donc d’une certain façon, c’est un bon antidote à Francis Dolarhyde qui est un personnage destructeur ", nous a-t-il dit.

     

    Notes de la traductrice :

    (1) La petite souris s’appelle la fée des dents dans les pays Anglophones.

    (2) L’article est paru le 24 juillet

    (3) William Blake, artiste peintre, poète et graveur anglais du 18ème siècle. Certaines de ses peintures et gravures représentent des personnages, mi-homme, mi-démon. Son style gothique obscur lui valut d’être considéré par ses contemporains comme un excentrique. Une grande partie de ses œuvres est exposée à Londres à la Tate Gallery et au British Museum.

    (4) ' The Great Red Dragon and the Woman Clothed in Sun ' (Le Grand Dragon Rouge et la Femme vêtue de Soleil) représente la lutte entre le bien et le mal.

    (5) ' Brain on fire ': Film américano-canadien-irlandais produit par Charlize Theron et écrit et réalisé par Gérard Barrett, d'après le livre autobiographique de Susannah Cahalan. Richard a pour partenaires Chloë Moretz, Carrie-Anne Moss, Jenny Slate, Thomas Mann, Tyler Perry... Le tournage a commencé le 13 Juillet 2015 à Vancouver en Colombie-Britannique. Le film sortira en 2016. L'histoire: Une jeune journaliste du New York Post, nommée Susannah Cahalan, commence à avoir des problèmes de santé graves. Elle franchit la ligne entre la raison et la folie après qu'un agent pathogène inconnu ait envahi son corps et causé une réaction auto-immune. Il provoque une inflammation du cerveau, de la paranoïa, et des convulsions. Ses parents, divorcés, mettent de côté leurs différences et la veille alors qu'elle est hospitalisée et qu'elle ne se souvient plus de rien. Un médecin va s'intéresser à ce cas étrange... Richard joue le père de la jeune femme...

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  • Traduction de l'interview que Richard a accordé à Oriana Schwindt pour tvinsider.com , 23 juillet 2015

     

    Traduction par Jolie Pensée 

     

    Richard Armitage est le Grand Dragon Rouge d'Hannibal

     

    TVinsider.com, 23 juillet 2015

    Photo ©Brooke Palmer/NBC

     

    Regardez le Grand Dragon Rouge ! Richard Armitage amorce son virage (ndlt : artistique) dans la peau d’un tueur en série de famille prodigieusement effrayant (mais bizarrement doux à ses heures) Francis Dolarhyde (alias Dragon Rouge) lors de cette soirée Hannibal . Le producteur exécutif Bryan Fuller a promis un méchant qui va mettre à l’épreuve la capacité du public à supporter la dualité de Dolarhyde : " Vous pouvez affronter le monstre mais vous devez aussi soutenir l'homme ". Nous avons discuté avec Richard Armitage de la naissance de sa propre version du monstre de Thomas Harris. 

     

    - C'est drôle, vous venez de combattre un dragon dans le Hobbit et vous voulez en devenir un dans Hannibal.

    Ça m'a pris un moment pour faire le lien moi-même ! Je dirais que ça a vraiment été les années du Dragon ! 

     

    - En parlant avec Bryan au début de la saison, il a dit qu'il voulait quelqu'un qui puisse manier la tragédie shakespearienne d'un personnage tel que Dolarhyde et c'est ce que vous avez apporté. Quand avez-vous rejoint l'équipe ?

    C’était juste avant de filmer. Je pense que j'avais environ 10 jours. Ce qui me fait penser, encore, qu'il y avait beaucoup d’autres personnes qu’ils n’ont pas pu engager, alors quand les choses s’accélèrent, vous avez tendance à penser "Oh, j’étais sûrement le dernier recours ! ".

    Je ne sais pas pourquoi on l'associe toujours à Shakespeare avec ses hauts sommets et ses bas fonds, mais nous le faisons. Dans un drame contemporain, pour avoir une sorte de personnage domestique (ndlt : au sens familial du terme) qui commet de tels meurtres extraordinaires – si terribles, profondément ancrés, horribles crimes – il y a une sorte de recette shakespearienne. Vous pensez : "Dans l'esprit d'un homme contemporain, comment est-ce possible ? " Dans cette société post-freudienne où tout le monde suit une thérapie et où nous pouvons résoudre tous ces problèmes, ces extrêmes de la condition humaine sont en marge. Et qui sont-ils ? Nous sommes tous nés égaux, dans une certaine mesure, et c’est comme étudier quelqu’un qui les dirige vers une forêt très sombre et c’est exactement là où Francis Dolarhyde s’est découvert lui-même. 

     

    - La seule source de lumière pour lui est sa relation avec Reba (Rutina Wesley), envers qui il est incroyablement doux et aimant. Comment vous y êtes-vous pris pour créer cette relation ?

    Thomas Harris nous donne tellement d’indications, magnifiquement écrites dans son roman. Mais cela implique aussi la flexibilité (ndlt : artistique) de l’actrice qui joue Reba MacLean, qui n’a pas cette espèce d’arrière pensée cachée à propos du psychopathe. C’est en fait assez difficile, la plupart des réactions que les gens nous ont déjà confiées sur le blog est qu’ils méprisent ce personnage, et 'comment pouvez-vous jouer un personnage méprisable, comment pouvez-vous embellir un personnage si méprisable ', sans avoir lu le livre ni avoir vu ce que nous allons en faire ? J’appellerais ça une ' volonté de jugement ', c’est en chacun de nous. En fait, pour en revenir à Rutina, elle avait lu le livre aussi, et elle est arrivée sans jugement, ce qui nous a permis d’avoir cette chimie. Le personnage est aveugle, physiquement parlant, mais émotionnellement, elle est bien plus réceptive que n’importe qui. Elle voit réellement l’homme à l’intérieur du monstre. Et, à travers sa vision, en tant que téléspectateur, nous pouvons voir ça aussi.

     

    - Diriez-vous que la partie la plus difficile dans ce rôle était de mettre de côté ce jugement ?

    Oui ! Si vous lisez le livre, Thomas Harris a beaucoup d’affection pour Francis, en même temps, il va écrire les terribles, terribles crimes que Francis a perpétrés. Et on ne doit jamais mettre ça de côté. Une de mes plus grandes craintes était - parce que je n’ai lu que le premier script - que j’allais devoir commettre ces crimes dans le film, ce qui aurait été une condition sine qua non pour moi. Je n’aurais pas été capable d’accepter ce rôle si j’avais dû faire ça, jouer une scène où ça arrive. Mais connaissant Bryan Fuller et la manière qu’il a de façonner la série, je savais qu’on voit rarement le criminel commettre le meurtre, vous voyez Will Graham vivre ces crimes à travers sa psychologie. Donc, pour moi, j’ai dissocié Francis de ce qu’il avait fait et j’avais l’air d’avoir fait la même chose. Et, il était aussi horrifié que je l’étais. Nous le voyons dans un des épisodes, on le voit regarder à nouveau son film et être absolument angoissé par ce qu’il a fait et pourquoi il l’a fait. 

     

    - Aviez-vous vu un des autres Francis Dolarhyde avant cela, ou les avez-vous occultés ?

    Je les ai occultés. J’avais vu les deux, Manhunter  et Red Dragon, mais pour je ne sais quelles raisons, et sans être irrespectueux envers Ralph Fiennes, je ne me souviens plus vraiment de Red Dragon. Peut-être parce que cela faisait trop longtemps. Mais je me souviens de Tom Noonan dans Manhunter et je pense que cela tient à sa présence à l’écran. C’était un homme démesurément grand, et, en fait, je me souviens plus du Hannibal Lecter de ce film que de celui de Hopkins. Le Manhunter originel est plus effrayant que celui des autres films. Et cela tient aussi à la bande-son et au grain (ndlt : la façon dont on le voit à l’écran) du film, c’est filmé plus crûment. Mais je ne l’ai pas revisité pour cette raison. Je pensais qu’il fallait que je prenne du recul et le regarde après coup, mais je ne l’ai pas fait. C’est comme si j’avais ingurgité trop de Francis Dolarhyde. Il y a des limites à ce qu’on peut tirer de lui.

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  • Traduction de la tribune écrite par Richard pour Cybersmile

    (11 Juin 2015)

     

    Article original à lire ici

    Photos crédits ©Richard Armitage' selfie & photos article Cybersmile

     

    Traduction par Jolie Pensée

     

    La Condition Humaine et les Médias Sociaux

     

    Nous sommes ravis de vous donner un aperçu exclusif des réflexions de l'ambassadeur officiel de Cybersmile, Richard Armitage, sur les médias sociaux utilisés dans notre société toujours plus numérique. Richard est un brillant acteur anglais plus connu internationalement pour son interprétation de Thorin dans la trilogie du 'Hobbit'. Dans cet examen passionné et honnête sur les communautés numériques, il parle de ses propres expériences à surmonter le harcèlement et de l'impact durable que cela peut avoir sur une personne. 

     

    « Et c'est là qu'est le hic », parce que quelle que soit la manière prudente et claire avec laquelle je vais tenter de faire ma première tribune libre sur un sujet inquiétant pour Cybersmile, tout n'est pas noir et blanc. 

    Donc si je n’ai rien qui mérite d’être dit, devrais-je parler ? "

    " Je ne dirai que de belles choses ? "

    " Je ne suis pas autorisé à critiquer sinon je ne suis plus ‘suivi’ ? " 

    La réponse à mon humble avis (et croyez-moi c’est humble de le partager quand on arrive à 43 ans) est en fait quelque chose qui s’applique à mon travail en tant qu’acteur. C’est pourquoi, parfois les acteurs sont appelés à travailler avec des thérapeutes, dans de grandes entreprises, dans des écoles. C’est pourquoi, la thérapie par le théâtre est fantastique pour comprendre ce que nous faisons, comment nous le faisons et quel pourrait en être le résultat, et dans une improvisation, quand nous ne jouons pas notre propre rôle, parfois nous explorons des sentiers qui sont trop terrifiants et inacceptables dans nos vraies vies.

    D'une certaine façon, les médias sociaux sont un peu une réplique de cela, jetez juste un oeil au brillant documentaire “Catfish” (1) d’Henry Joost et Ariel Schulmann. C’est une vue en miniature de ce qui est en train de se passer, à un moindre degré, partout dans les médias sociaux. Une sorte de monde fantaisie, une réinvention du soi, si le « soi-même » est insatisfait ou malheureux avec son soi. J’ai récemment utilisé un hashtag, #findyourvoice. C’est un peu ringard, je crois, mais je pense que chacun fait ça pour s’étendre sur la toile. Alors qu’il y a 20 ans, nous avions recours aux journalistes, aux éditorialistes, aux journaux pour nous indiquer les choix, maintenant tout le monde peut parler. Ne pensez pas que ce soit une chose merveilleuse. Tout peut maintenant faire l'objet d'un forum de débat, de discussion. Les communautés d'amis peuvent se regrouper et se trouver et nous oublions comme cela peut être difficile pour de nombreuses personnes. Les personnes qui trouvent difficile de se sociabiliser, qui ne sont pas mobiles, qui sont seules.

    Le revers de la médaille est l'activité politique et sociopolitique, de nos jours, on ne peut plus se fier à ' la ligne directrice ', on peut se mettre en quête de la vérité nous-mêmes. J'ai en tête l'image des foyers texans qui font une vente collective dans leur jardin (ou pour ceux de l'autre côté de l'Atlantique, dans les îles Britanniques, une Jumble Sale) (2), trouver quelque chose de valeur est difficile, une chasse au trésor. Une autre métaphore (parce que j'aime la musique) chaque personne en Chine (parce qu'ils sont très nombreux) en train de jouer d'un instrument de musique en même temps, quelque part au milieu de tout cela il y a le " Spiegel im Spiegel " d'Arvo Part (3) (allez-voir sur Spotify, c'est vraiment beau), comment je peux l'entendre ? Surtout quand je ne peux même pas garantir que les instruments sont ceux qu'on dit qu'ils sont, et que ceux qui en jouent ne sont pas ceux qu'ils m'ont dit qu'ils étaient... Et même, comment savez-vous que c'est moi, Richard Armitage ?

    Nous ne pouvons pas détecter. Nous ne pouvons pas contrôler, nous ne pouvons pas modérer et de plus, nous ne le devrions probablement pas.

    Liberté de parler, liberté d'écouter quiconque nous souhaitons. 

    Je crois que nous devrions montrer nos visages et utiliser nos vrais noms quand nous sommes en ligne, c'est juste une préférence personnelle.

    Pour en revenir au premier point, “la société des médias sociaux” dans laquelle nous aimerions tous nous sentir en sécurité, encouragés, excités, créatifs, spontanés, novateurs, courageux, est vraiment entre nos mains. Pour en revenir au métier d’acteur, ça m'a pris longtemps pour me débarrasser des effets du harcèlement à l'école. Ces gens riaient toujours dans mon dos. Je les regardais toujours du coin de l'oeil, j'ai maintenant une incroyable vision périphérique très utile (comme un sens kinesthésique, allez voir ça sur Google), mais essayez d'être un acteur courageux, expérimenté et extraverti avec tous ces complexes. Ça ne s'est pas produit... 

    Il est là le truc, et c'est la clé de mon travail et, je pense, la nôtre en tant que communauté. Quand nous parlons ou écrivons, finalement nous désirons “toucher”. Si nous ne regardons pas la destination de cette émotion alors comment savons-nous si nos mots ont atteint leur but et l'effet qu'ils ont causé ? C'est facile de visu, les 43 muscles du visage de la personne peuvent nous donner un million de réponses à cette question. Mais en ligne... comment ? C'est habituellement dans la réponse qui est écrite en retour, mais bon sang, les interprétations erronées qui peuvent se produire quand on s'exprime succinctement et expressément !

    Là encore, les motivations sont mises en doute, on spécule sur des intentions cachées, le subconscient... Bon, laissons cela aux psychologues.

    Il ne faut pas trop censurer et oui, nous devons dire ce que nous pensons, dire la vérité, mais nous devons aussi “regarder la destination de nos mots” et comprendre “le carburant qui les propulse”. Ça pourrait être la colère, ça pourrait être la haine. Parfois, c'est la provocation, le sarcasme, l'humour. Parfois, c'est juste pour contrarier ce que dit l'autre. Arrêtez et réfléchissez avant d'appuyer sur envoyer.

    Relisez ce que vous écrivez, je le fais à chaque fois. J'annule plus que je n'envoie (je retire ce pour quoi j'ai changé d'avis). Si j'ai un avis très dur sur quelque chose que j'ai envie de dire, je me fais violence pour revenir à l'origine du “pourquoi je ressens cela ?”

    C'est encore une part de mon travail de créer un personnage crédible et finalement de créer un moi crédible en-dehors de mon travail. Juste... “parce que c'est ce que je ressens”, c'est un peu une bonne excuse. Reformons des groupes de discussion à l'école !!! 

    Je vais avoir l'air moralisateur (je ne suis pas un prédicateur), mais nous avons une langue incroyable et maintenant avec cette chose électronique dans ma main, je vais pouvoir chercher les mots qui traduisent vraiment ce que je sens ou pense. J'encourage tout le monde à faire de même. Et vous découvrirez comment “on se promene” en ligne.

    Et même quand j'écris ceci, je sais qu'il y en aura toujours qui diront “non, j'ai le droit de parler de ce que j'aime, comment je l'aime et à qui j'ai envie, j'ai le droit d'être un harceleur si j'en ai envie” et je dis “fais ton truc”, quand il y a quelque chose à la télé que je n'aime pas, je change de chaîne ou j'éteins. Faites pareil avec les médias sociaux: block et mute (bloquer/muet)...

    Dans une rue bondée, la plupart du temps, on a l'air de naviguer sans se rentrer les uns dans les autres, et globalement, il n'y a pas de bagarre tous les 10 mètres... Alors pourquoi le faire en ligne ?


    Tout comme le harcèlement, c'est comme le moment où la casserole déborde, ou c'est un air empoisonné qu'on ne peut pas purifier, alors pourquoi ennuyer les gens ? Je pense que l'art est fait pour ça. Je peux soutenir le meilleur et le pire de nous-mêmes. On peut “attaquer” une toile avec une peinture noire sous l'effet de la colère, on peut s'en prendre à un clavier de piano, on peut danser jusqu'à tomber, on peut lire un livre sur une société puritaine qui exécute ses aînés, on peut explorer la psychologie d'un tueur en série et quand on ne peut pas le faire soi-même, on peut l'expérimenter ou en être témoin à travers les autres.

    C'est plus que d'être gentil. " Le cri " d'Edward Munch est loin d'être charmant. " Saturne dévorant son fils " de Goya est horrible, Metallica, Die Antwoord (4) etc. Et puis il y a Monet, Fauré (5), Renée Fleming (6), Peter Jackson, Ariana Grande (7) (OK c'est très éclectique, je l'admets)...

    Mais quand nous regardons, nous écoutons et nous identifions, nous sommes à l'écoute de la condition humaine.

    Nous formons tous la condition humaine, qu'on aime ou non. Médias sociaux. Expression. La Condition Humaine.

     

    Notes de la traductrice 

    (1) " Catfish " est un film documentaire de 2010 : Nev Schulman s'est fait filmer par ses amis en train de nouer une relation via les réseaux sociaux. Une vive polémique a suivi la sortie de ce film aux Etats-Unis, car de nombreuses personnes ont accusé les réalisateurs d'avoir monté un faux film documentaire, ce dont ils se défendent fermement. Des suites de ce film est née une émission diffusée sur MTV Catfish : fausse identité, visant à aider les personnes qui sont victimes d'abus en tout genre sur les réseaux sociaux.

    (2) Aux Etats-Unis, les habitants d'un même quartier organisent régulièrement des brocantes de particulier à particulier, chaque foyer installe son étale devant sa maison dans son jardin. Au Royaume Uni, on parle de Jumble sales, ce sont des sortes de braderies où l'on peut acheter des produits de seconde main moyennant une petite participation pour financer l'organisation.

    (3) " Spiegel im Spiegel " (Le miroir dans le miroir) est une œuvre pour piano et violon (ou/et violoncelle) du compositeur estonien Arvo Pärt écrite en 1978. Ecoutez: https://www.youtube.com/Arvo Pärt

    (4) Die Antwoord est un groupe sud-africain issu du mouvement zef aux paroles plutôt trash et argot afrikaner. Deux des trois membres ont joué dans le film " Chappie " avec Hugh Jackmann et Sigourney Weaver.

    (5) Gabriel Fauré (1845-1924) était un pianiste, organiste et compositeur français. Ecoutez: https://www.youtube.com/Gabriel Fauré

    (6) Renée Fleming est une soprano américaine née en 1959. Ecoutez: https://www.youtube.com/Renée Fleming 

    (7) Ariana Grande est une actrice, auteur-compositrice-interprète américaine née en 1993. Ecoutez: https://www.youtube.com/Ariana Grande 

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  • Traduction de l'interview que Richard a accordé à la Fondation Cybersmile qui lutte contre le harcèlement et différentes formes d'abus envers la personne sur le Net.

    Richard est devenu Ambassadeur de la Fondation.

    (4 juin 2015)

    Article original à lire ici 

    Photos crédits ©Warner Bros & Richard Armitage' selfies

     

     Traduction de Jolie Pensée et Translator Girl

     

     

    Nous sommes ravis de vous proposer une interview du dernier membre de notre famille Cybersmile… Le tout nouvel ambassadeur, Richard Armitage ! Richard est un acteur anglais plus connu internationalement pour son interprétation de Thorin dans la trilogie du 'Hobbit', vedette de la saison 3 de la série américaine encensée 'Hannibal', sur les écrans le jeudi 4 juin, et qui, plus tard dans l’année, commencera le tournage d’un nouveau film ‘Clearance’. Nous avons eu un entretien avec lui sur sa vie en ligne et ses réflexions sur les médias sociaux aussi bien que sur ses morceaux musicaux préférés !

     

    CBS: Comment était-ce de travailler sur les films du Hobbit et avez-vous retenu des leçons de vie de cette expérience ?

    RA: Le Hobbit a changé ma vie. Etre aussi loin de chez soi et en même temps se sentir ‘chez soi’ avec la famille néo-zélandaise que j’ai trouvé en Peter, Fran, Philippa et toute l’équipe, ça a été incroyable. J’ai travaillé plus dur que je ne l’avais fait auparavant parce que l’histoire était très chère à mon cœur.  Ce que j’ai vraiment apprit, c’est que lorsqu’on est passionné par quelque chose, ça devient une vocation et non plus un travail, et pour toute l’angoisse, la critique et les défaitistes, il y a l’amour pour ce qu’on fait qui surpasse tout. Je pense que le public le ressent. Ces films incarnent la passion et la persévérance du réalisateur et de son équipe, les acteurs et la situation désespérée des nains.

     

    CBS: Est-ce que les médias sociaux sont une bénédiction ou une malédiction ?

    RA: Je n’en suis pas encore sûr mais j’ai le sentiment que ça s’arrêtera. J’ai vécu la moitié de ma vie sans (avoir de) chose électronique dans ma main. Je pense que c’est comme le sucre, plus vous en mangez, plus vous en voulez. Cela vous donne de l’énergie mais ‘le beaucoup trop’ peut devenir toxique, et faire disjoncter. 

     

    CBS: Qu’est-ce que l’industrie du divertissement peut faire pour s’attaquer à la violence numérique ?

    Cybersmile, 4 juin 2015

    RA: Je ne sais pas ce que peut faire une industrie qui dit qu’ "une mauvaise presse est meilleure que pas de presse du tout" ! Mais, je sais que la ‘toxicité’ que j’ai mentionné est addictive. La négativité, le ‘trolling’, les brimades sont une addiction. En ligne, on peut se cacher derrière un pseudo, une fausse photo et être méchant, négatif, provocateur, ça cherche à attirer l’attention, mais ça laisse de terribles séquelles. Des mots prononcés peuvent être oubliés, mais ce qu’on écrit est toujours récupérable.  En tant que personne ayant été victime de paroles assez dommageables dans ma jeunesse, j’ai grandi avec le réel sentiment que faire en sorte qu’une personne se sente géniale, que les encouragements, les éloges, la positivité, et bien, disons-le simplement, l’amour, sont plus satisfaisants que l’inverse. Je n’ai jamais apprécié les commérages, j’essaye de ne jamais dire du mal des gens si je peux absolument l’éviter. Si quelqu’un vient vers moi et colporte des ragots/déblatère peu importe quel est le terme, je l’arrête et lui dit qu’il parle au mauvais gars. On m’a dit, une fois ‘ceux qui viennent vous raconter des ragots, en colporteront sur vous.’

     

    La chose qui me remplit d’un sentiment d’angoisse, c’est ces interminables émissions de télé-réalité qui semblent encourager des excès dans la négativité, ce qui est déshonorant, un comportement grossier et arrogant. Le fier leitmotiv qui dit " Je dis les choses telles qu'elles sont, je te dis le fond de ma pensée " est, à mon sens, à contre-courant du comportement civilisé.

    Il y a une différence entre l’honnêteté et la sincérité et blesser ou humilier ouvertement quelqu’un parce que ça attire l’attention. Ca s’est transformé en un comportement culturel, comme un ‘ programme par défaut ’, qui pointe un doigt agressif vers votre visage.

    De ‘ The Real Housewives (1) de… presque partout ’ où les adultes sont rabaissés au crêpage de chignon, aux insultes, à des comportements de cours de récréation,… aux remarques racistes bien plus sérieuses et extrêmement offensantes que le Président Obama a reçu via Twitter, on dirait que les brimades sont devenues une sorte de divertissement, et ‘ à l’extrême ’ un crime haineux. Pour répondre à votre question, l’industrie du divertissement à une grande part de responsabilité.

    Je conseillerais à tout le monde de préserver sa précieuse réputation, qu’elle soit mise en avant (révélée) ou anonyme, et de faire en sorte que l’héritage que vous laissez en personne ou en ligne en soit un dont vous êtes fier.

     

    CBS: Nous avons vu des célébrités quitter les médias sociaux suite à des insultes en ligne, comment pensez-vous que cela affectera leur vie professionnelle ?

    RA: J’ai toujours vu les médias sociaux comme une expérience. J’ai demandé aux utilisateurs sur mon compte Twitter d’éviter le langage grossier s’ils peuvent, je suis conscient qu’il y a des jeunes, des adultes et des gens tout simplement sensibles qui pourraient être choqués. Et comme mon compte twitter est ' mon bar ', vous devez suivre ' mes règles ' et si ça ne vous plaît pas, vous êtes libres d’aller voir ailleurs. Je préfèrerais ne pas avoir de followers du tout plutôt que d’en avoir qui seraient injurieux.

    Block et Mute sont deux dons que nous fait Twitter. Mais je ne suis pas contre tout arrêter et débrancher. Pour les jeunes, c’est bien plus difficile parce qu’ils pourraient être rejetés. Je pense que nous sommes tous plus conscients du cyber-harcèlement, mais les régulations (modérations) ne vont pas vraiment fonctionner, nous devons être responsables les uns des autres. L’empathie est le meilleur moyen de ' rebrancher '… Est-ce que je dirais cela à ma mère ? mon enfant ? mon meilleur ami ? la personne que j’aime ? Si la réponse est non, alors il ne faut pas l’écrire, peu importe que vous soyez en colère ou blessé. Soyez parmi les forts, le ' pionnier silencieux ' de la décence, de l’attention, de la gentillesse et de la considération. Vos mots ricochent, ils peuvent être lus puis relus, longtemps après que vous les ayez oubliés. Soyez bons les uns les autres.

     

    CBS: Quel conseil donneriez-vous aux personnes maltraitées en ligne ?

    RA: Je leur dirais de demander aux personnes d’arrêter, de ne pas se lier avec elles. Ne rentrez pas en conflit, vous vous retrouveriez à déverser le même type d’injures. Croyez-moi, sur quelques sites, j’ai vu
    un incroyable étalage de querelles d’enfant sans importance devenir un bruit de fond dérisoire.

    Gardez le silence, essayez d’éviter de lire les propos nauséabonds, cherchez ceux qui vous encouragent et faites de même en retour. Si c’est insupportable, alors demandez de l’aide. Cybersmile, c’est le bon endroit pour commencer.

     

    CBS: Que diriez-vous de la frontière entre critique et insulte en ligne ? Quand est-ce que cela va trop loin selon vous ? Cybersmile, 4 juin 2015

    RA: Eh bien, chacun est un critique, n’est-ce pas ? Les mots imprimés peuvent avoir des airs d’ 'analyse critique'. Il y a des critiques professionnels et des gérants d’estrade (ndlt : personnes qui pensent tout savoir mais ne connaissent rien en définitive), mais après tout, tout n’est qu’opinion. Vous êtes libres d’avoir les vôtres et vous pouvez choisir de partager cette opinion ou la garder pour vous. Souvenez-vous que votre opinion n’est pas forcément la même que quelqu’un d’autre.

    Le débat est très grand et avoir raison ou tort n’est pas la question. La faculté de discuter et apprécier le désaccord en harmonie est là où notre culture a commencé, dans les forums philosophiques dans la Grèce Antique (2). Vivre et laisser vivre, s’attendre à changer d’avis, mais accepter que certaines personnes aiment le rouge et d’autres préfèrent le bleu. Poulet ou bœuf, plage ou neige, chiens ou chats, barbu ou rasé de près, tout est bon. 

     

    Aussi, s’attendre à … Je regarde rarement ce qui se dit sur moi en ligne, mais si j’en ai besoin, quelle qu’en soit la raison, j’ai à l’esprit le mantra ' il y en aura toujours un ' : le clown de service qui tourne quelqu’un en dérision pour faire bêtement rire la galerie (les comédiens professionnels connaissent), le soi-disant ' ami ' que vous choperez en train de ricaner dans un coin avec les autres. Les amis agréables en apparence qui commencent leurs phrases par « je ne veux pas être désagréable, mais… » ou « je ne vais pas être drôle, mais… ». Et oui, nous savons que ce que vous vous apprêtez à dire sera désagréable et pas drôle. Et quand vous pensez que c’en est fini d’eux, ils vous mettent une tape sur l’épaule… Ca peut donner l’impression d’une solitude épuisante, mais ça ne l’est pas. Il y a des personnes qui sont là pour vous, de vrais amis, des membres de la famille, mais aussi des inconnus qui vous soutiendront.

    L’objectif des persécuteurs est de planter des graines qui font des racines profondes, si vous les laissez, elles peuvent vous suivre pendant longtemps. Ne les laissez pas, jetez ce qu’ils disent aux ordures (3). Encore une chose, même si vous êtes dans une situation de réel désespoir, vous pouvez peut-être juste prendre un moment pour dire " ces brutes pensent qu’ils sont vainqueurs, mais ce qu’ils font, c’est me faire comprendre comment ne pas traiter les gens. " J’ai eu tellement d’exemples de situations, à l’école ou ailleurs dans le monde (particulièrement dans le monde concurrentiel du show biz mené par l’ego), que j’ai collecté assez de données jusqu’à me faire me sentir mal et que je peux dire , " si un jour je me retrouve dans une situation où je dois être bon avec les gens, les faire se sentir bien, je ferai exactement ça. "

    Enfin, il faut savoir que la majorité des personnes sont bonnes et ont des sentiments de bienveillance envers les autres. Soyez une de ces personnes. Trouvez et cherchez la compagnie de ces personnes. Apprenez la tolérance mais au-delà de tout, le pardon.

     

    CBS: Si vous pouviez choisir une liste de chansons pour faire une playlist positive, quels titres choisiriez-vous ? 

    RA: (Cliquez sur les liens pour écouter) 

    Just The Way You Are / Bruno Mars 

    I Gotta Feeling / Black Eyed Peas

    Best Day Of My Life / American Authors

    One Day Like This / Elbow

    Imagine / John Lennon

    Make You Feel My Love / Adele

    Glory / John Legend

    I Really (really really really really really really really really really) Like You / Carly Rae Jepsen

    (Ce n’est pas vraiment du Shakespeare !!!)

     

    Notes des traductrices :

    (1) ' The Real Housewives': émission de télé-réalité américaine qui montre le quotidien de femmes 'botoxées et silliconées' extrêmement fortunées. Devant le succès, plusieurs déclinaisons sont apparues aux Etats-Unis et à l'étranger: USA: The Real Housewives of  Beverly Hills, New-York City, Miami, Atlanta, New Jersey, Orange County...  A l'internationale: ' The Real Housewives of Vancouver ', ' The Real Housewives of Israël ', 'The Real Housewives of Athens'... et pour la France ' Les Vraies Housewives Los Angeles ' avec des Françaises ayant épousé de riches Américains. Voir cet article du New York Times 

    (2) Un petit peu d’histoire: dans l’Antiquité, on parlait de forum romain à Rome ou bien d’Agora en Grèce. C’était une place publique où les citoyens se réunissaient pour traiter d’affaires commerciales, politiques ou religieuses. Ces lieux de réunion sont vite devenus une composante essentielle de la vie en société, une ouverture vers le débat démocratique. Les villes n’ayant pas de forum étaient d’ailleurs considérées comme non civilisées.

    (3) Junk/trash: Richard emploie deux mots populaires dont 'trash' qui est particulièrement américain, il rajoute « c’est bien comme ça qu’on dit ? »

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  • Traduction de l'interview que Richard a accordé au magazine en ligne FANGORIA à propos de son rôle dans la série Hannibal

    (27 mai 2015)

    Article original à lire ici

     

    Traduction par Jolie Pensée et Translator Girl

    Crédit photos ©Hannibal

    Fangoria, 27 Mai 2015

    Avec Bryan Fulller qui tente le coup à la rédaction de FANGORIA #343, l’attente pour le retour d’Hannibal est devenue un effort encore plus difficile pour des fans saisis d’effroi. Cependant, Fuller a pu laisser FANGORIA jeter un coup d’œil au plateau d’Hannibal le mois dernier et nous avons pu retrouver les formidables acteurs de la série surréaliste. Notre dernière conversation s’est déroulée avec la toute nouvelle recrue de cette prestigieuse distribution. Richard Armitage a laissé FANGORIA ‘planter ses griffes’ dans la toute dernière répétition de Francis Dolarhyde.

     

    Fangoria: Que pouvez-vous nous dire sur Francis Dolarhyde et comment il s’inscrit dans la 3ème saison d’Hannibal ?

    Richard: Je ne sais pas trop comment il s'insère. Ça va sûrement me prendre 4 ou 5 heures pour parler du personnage. Une des choses que j’aime dans ce personnage, c’est le détail avec lequel Thomas Harris le traite dans ‘Dragon Rouge’, qui est devenu une véritable bible chaque jour sur le tournage. Je pense que la chose qui m’a le plus fascinée dans l’écriture de Thomas et dans ce que Bryan Fuller en a fait, c’est de comprendre les crimes d’un psychopathe, et ensuite, de donner au personnage une histoire tellement riche et intéressante avec laquelle on va trouver un sentier très sinueux et tourmenté vers cette destination (vers la compréhension).

    Je n’ai pas vu ni été sur le tournage d’aucune scène de crime, ni aucun meurtre que ce personnage a perpétré, ce qui était très intéressant parce que ça m’a mis dans la situation du personnage (du psychopathe) qui est à l’intérieur de cette personne et dont l’esprit est différent. Il ne se souvient pas de ce qu’il a fait. C’est pour cela qu’il les filme et les regarde après. Nous avons tourné une scène où il regarde les images du crime, c’était vraiment perturbant pour moi de voir ça, et, comme le personnage, de ne pas comprendre ce qu’il avait fait et de ressentir que c’était mal filmé et mal exécuté.


    Fangoria: Quel genre de préparation avez-vous eue pour le rôle ?

    Fangoria, 27 Mai 2015Richard : J’avais 10 jours pour lire le roman et changer complètement mon apparence pour devenir comme le bodybuilder que décrit Thomas Harris. Oui, je me suis pas mal entraîné, mais 10 jours ce n’est pas assez. Dans le livre, il est décrit comme un bodybuilder, donc, j’ai pris son histoire militaire, j’ai pris mon propre physique et j’ai pris la psychologie de quelqu’un qui n’est pas satisfait de ce qu’il est et qui essaye de devenir meilleur. On l’a mis quelque part au milieu de tout cela.

    Il y avait plein de choses à voir avec Francis. C’était intéressant parce je n’ai pas parlé pendant le premier épisode. Vous ne l’entendez pas vraiment prononcer un seul mot. Son langage évolue doucement durant les 6 épisodes jusqu’à la fin où il prononce un éloge d’une façon très concise, poétique et gothique. Ça a été très intéressant.

     

    Fangoria: Connaissiez-vous le rôle de Tom Noonan dans Sixième Sens (1) ?

    Richard: J’aurais dû, mais non. J’ai vu le film il y a longtemps probablement quand je n’aurais pas dû, vers l’âge de 14 ans ou moins. Mais je n’ai délibérément pas regardé le film à nouveau parce que je sais que Ralph Fiennes (2) et Tom Noonan ont créé des personnages emblématiques, et j’avais besoin de créer ma propre image, c’est ce qu’on recherchait.

    C’est difficile parce que la description de Thomas Harris est tellement particulière qu’en fin de compte, vous allez finir par jouer le même personnage. Parce qu’il le décrit point par point, ce qu’il dissimule en lui... On avait besoin de penser à une sorte d’iconographie pour ce personnage qui soit unique et spécifique à la série, et nous avons créé un grand tatouage très artistique pour lui. Même la façon dont sa fente palatine (3) est représentée sur mon visage est particulière à moi et à son histoire.

     

    Fangoria: Quelle est la relation entre Dolarhyde avec Will et Hannibal ? En quoi il diffère d’eux ?

    Richard: Dolarhyde est enchaîné à son passé. C‘est comme s’il essayait de marcher sur un chemin où il serait pieds et poing liés à son passé et cela influence aussi la voie que va prendre sa vie, comme nous le serions tous. Mais son passé est si tourmenté que c’est comme un follicule pileux (ndlt : expression imagée pour dire que son passé est la racine de sa vie d’adulte et si la racine est endommagée, sa vie d’adulte en subit les conséquences).

    Ce qu’il ne réalise pas, c’est qu’il devient un outil de négociation entre Will Graham et Hannibal Lecter d’une façon très simple. Bien sûr, Dolarhyde ne le sait pas vraiment. Il connaît seulement la situation de sa relation avec Hannibal qui ne tient qu’à un fil. Mais bien sûr, Hannibal utilise la psychologie pour rentrer dans l’esprit de Dolarhyde.


    Fangoria: Francis a certains moments emblématiques dans le roman. Etiez-vous curieux de voir comment cela serait transféré sur petit écran ?

    Richard: Oui, c’est intéressant parce que j’ai lu le livre avant de regarder ne serait-ce qu'un seul des épisodes d’Hannibal et je l’ai relu quelques fois. C’est une lecture assez rapide en fait. Et puis j’y suis revenu et j’ai regardé les saisons un et deux. Il y avait quelques moments pendant lesquels j'ai pensé  « Oh, ils ont déjà tourné ça, ils ont déjà tourné ces lignes ». Mais Bryan est arrivé à extraire pratiquement tous les détails importants que Thomas Harris avait écrits. Alors même si ça avait été joué Fangoria, 27 Mai 2015
    avant, il l’a réinventé dans un contexte légèrement différent.

    Dolarhyde est très physique, plus que ce que j’avais imaginé. Je pense qu’une des choses quand on joue le rôle d’une personne folle est qu’on ne détecte pas sa folie rien qu’en le regardant et pour révéler la folie à l’écran, il faut en porter les signes physiques et linguistiques. Je pense que la folie est incroyablement difficile à écrire parce qu’on cherche la logique dans le texte, on cherche la continuité. Ce qu’il faut faire, c’est le rendre confus et inconstant (4), voilà ce qu’on a fait. Je n'ai pas d'idée de ce que ça va donner. Ça a été une grande expérience.

     

    Fangoria: Quelle expérience ça a été de jouer dans une série télévisée comme Hannibal ?

    Richard: Ma voix a vraiment compté. C’était un grand débat démocratique, chaque idée, chaque pensée que j’avais sur le personnage était acceptée par les auteurs, les costumiers, les décorateurs, le coordinateur de cascades et le directeur. Quand on vous donne cette opportunité, votre esprit se met à travailler plus en profondeur. L’obsession de Bryan pour les détails a finalement déteint sur moi. Jusqu’à la façon de positionner le sang sur mes phalanges (ou mon poing américain) après un combat avec le dragon, chaque détail est pensé et réfléchi, j’ai vraiment adoré ça.

     

    Fangoria: Y avait-il une discussion sur comment gérer le côté rédempteur de Dolarhyde ?

    Richard: Oui, c’est difficile quand vous pensez savoir comment ça va finir. J’ai toujours su qu’il y aurait une fin légèrement différente du livre et c’est différent du livre. La symphonie de Bryan se termine avec plus de fioritures que celle de Thomas Harris, ce qui est chouette.

    Mais oui, j’ai analysé l’enfant qui a suivi cette voie. J’ai toujours pensé qu’il y avait une possibilité de rédemption à travers son amour pour Reba. Mais c’est à ce moment là que je dois sortir du personnage et le voir comme une forme de menace et de discorde et je le laisse être ça. J’ai hésité entre l’aimer et le condamner.

     

    Fangoria: Vous avez travaillé pour le cinéma et pour la télévision, pouvez-vous nous parler des différences que vous ressentez et vers où vont vos préférences ?

    Richard : Oui. Une des choses captivantes dans le fait de jouer Dolarhyde dans Hannibal est que, dans les deux autres films où on a vu ce personnage, il y avait 90 minutes pour jouer ce personnage. Dans cette saison, on a eu environ 6 heures pour jouer Dolarhyde. On a vraiment eu l’opportunité de rentrer dans les détails.

    Je pense qu’une des choses que j’aime dans la télévision et dans la façon dont Bryan fait de la télévision, est que chaque épisode est un film. La production a la même valeur qu’un film. Ce n’est pas tourné avec le même budget qu’un film et ce n’est sûrement pas tourné sur la même période qu’un film, donc cela signifie que tout monde doit travailler beaucoup plus dur. Mais, vous savez, si vous regardez n’importe quel plan dans cette série, vous pourriez facilement passer chaque épisode d’Hannibal sur grand écran et vous rempliriez des salles. Bryan fait des mini films toutes les semaines.

     

    Notes des traductrices :

    (1) En 1986, dans « Le sixième sens » (Manhunter), Dolarhyde était interprété par Tom Noonan

    (2) En 2002, dans « Dragon rouge », Dolarhyde était interprété par Ralph Fiennes

    (3) ‘ Cleft palate ’ = fente palatine : absence de substance de la voûte buccale aboutissant à une communication entre le nez et la bouche. Elle accompagne parfois, une fente labiale, anciennement appelée ‘bec-de-lièvre’

    (4) En parlant de ce qu'ils ont voulu faire de Dolarhyde, Richard emploie les mots ' to make him astract and discontinuous ', qui se traduisent littéralement par ' le rendre abstrait et discontinu '. Nous avons choisi de les traduire par 'le rendre confus et inconstant', jugeant que 'abstrait et discontinu' sont des termes s'appliquant plus, par exemple, à des oeuvres d'art (peinture, musique,...) qu'à un être humain (bien que Dolarhyde ait une oeuvre d'art peinte dans le dos !!! )

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  • Traduction de l'interview que Richard a accordé à hmv London, 27 avril 2015

     

    Traduction par Jolie Pensée et Translator Girl

     Article original à lire ici

     

    "J'ai le sentiment que tous les biens de la succession Tolkien ont été fait maintenant..." 

    hmv.com discute avec Richard Armitage

     

    Avec le dernier film de la trilogie du Hobbit de Peter Jackson menée à termes et qui s'est vendue comme des petits pains, nous avons rejoint Richard Armitage pour parler de sa dernière fois en tant que Thorin, de son travail dans la nouvelle série d'Hannibal et de l'apprentissage du français pour son dernier film, Pilgrimage ... 

    HMV London, 27 avril 2015

     

    Quand avez-vous vraiment fini de travailler sur ' Le Hobbit ' ? N'était-il pas question de faire les deux premiers films en même temps et, ensuite, de revenir filmer le troisième ?

    Pas exactement, mais oui, je pense qu'il y avait une période d'environ 13 semaines de reprise. Nous devions terminer 'La Bataille des Cinq Armées', puis nous avons mis en forme certaines parties du script qui ont dû être changées quand ça a été divisé en trois films. Ce fut donc une combinaison de toutes sortes de choses différentes, mais oui, il y avait beaucoup de scènes supplémentaires pour le troisième film qui ont vraiment donné un sens à tout ce voyage ".

     

    HMV London, 27 avril 2015

    Avez-vous le sentiment que le dernier film de la trilogie s'est avéré tel que ce que vous attendiez ?

    En fait, j'étais vraiment heureux, il contient beaucoup d'éléments de l'histoire de Thorin, sa descente dans la folie et ensuite son ascension dans l'héroïsme lorsqu'ils jaillissent de la montagne et il se rachète sur le champ de bataille. Alors, vraiment, ça finalise tout ce qui avait conduit Thorin dans la montagne, et tout ce qui concerne sa relation avec Bilbo est dans ce troisième film, donc je l'ai aimé. 

    Ajouté à cela, il y avait la séquence d'action grandiose à la fin, quand la bataille démarre. C'est comme une énorme bataille épique et il y avait tellement d'histoires qui devaient être racontées dans cette partie du film, je l'ai trouvé très excitant et c'est un film avec une évolution rapide, ce que j'ai vraiment aimé ". 

    Dans l'ensemble, combien cela a-t-il pris de temps pour filmer cette séquence ?

    " Il y avait tellement de parties qui ont été filmées à des moments différents, je ne peux pas vraiment le savoir, mais en ce qui concerne mon travail, il y a eu probablement environ 12 semaines de tournage. Toute la période de reprise a été, à peu près, dévolue aux diverses parties concernant la bataille, mais les combats se déroulent sur tant d'endroits différents ! Les nains commencent dans la montagne et continuent jusqu'à Ravenshill sous différents angles de vue, ce qui est excellent parce que cela ressemble vraiment à une bataille réelle. "

     

    La dernière fois que nous avons parlé, vous avez dit que ce serait la dernière fois que la Terre du Milieu apparaîtrait à l'écran, pensez-vous que c'est toujours le cas ?

    " Je pense que c'est certainement le cas pour Peter Jackson, je ne sais pas s'il va y revenir. J'ai le sentiment que tous les biens de la succession Tolkien qui sont susceptibles d'être mis en images l'ont été. Alors, à moins que quelque chose change sur ce point, je pense que c'est probablement fini. Personnellement, je serais ravi de voir le 'Silmarillion', mais j'ai l'impression que ce serait beaucoup trop pour un film. A moins que Marvel s'en empare, alors qui sait ? "

     

    Aimeriez-vous être impliqué si cela arrivait ?

    " Eh bien, à moins que ce ne soit un prequel au 'Hobbit' ou autre chose, je n'en serais probablement pas capable, mais je serais certainement intéressé de faire des recherche sur l'histoire de Thorin avant que les événements du Hobbit n'arrivent. "

     

    Vous avez également été embauché pour tourner dans la troisième série d'' Hannibal', pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le personnage que vous jouez dans la nouvelle série ?HMV London, 27 avril 2015

    " Fondamentalement, 'Le Dragon Rouge', premier roman de Thomas Harris dans lequel Hannibal fait son apparition, est très axé  sur Francis Dolarhyde. Il est connu comme le Tooth Fairy, mais il est aussi le dragon rouge du titre de l'ouvrage. C'était vraiment intéressant d'explorer un psychopathe de sa naissance jusqu'au meurtrier de masse qu'il est devenu. Il a déjà été interprété dans deux films, Ralph Fiennes l'a incarné dans le film le plus récent, et il a également été joué par Tom Noonan dans 'Manhunter', le film de Michael Mann. 

    Cette fois, nous avons six heures pour explorer ce personnage extraordinaire et l'un des grands défis que j'avais était qu'il est très difficile de jouer quelqu'un que vous trouvez si méprisable, mais si je peux obtenir du public, d'une manière ou d'une autre, qu'il le comprenne et ressente quelque chose pour lui, en dépit de ce qu'il a fait, alors je pense que j'aurai accompli quelque chose que je n'ai jamais fait auparavant. " 

     

    Donc, il y a quelque chose montrant son côté humain avant qu'il ne devienne ce monstre ?

    " Oui, exactement, et même à la fin, il est encore très en conflit avec lui-même. Il a été un personnage si fascinant à explorer ! "

     

    Vous tourner dans ' Pilgrimage ' en ce moment, n'est-ce pas ? Quand avez-vous commencé à travailler là-dessus ?

    " Nous avons littéralement commencé vendredi de la semaine dernière, c'est donc encore tout nouveau ! Nous avons terminé 'Hannibal' à Toronto il y a une semaine et maintenant je suis en Irlande. C'est un excellent script, il est produit par l'Irish Film Board et XYZ Films, c'est un film indépendant qui est une co-production avec la Belgique. Il est situé au XIIème siècle, juste après la quatrième croisade, et il y est question d'une relique qui doit retourner à Rome. Je joue un envahisseur normand qui est essentiellement là pour perturber ce voyage. La moité de mes dialogues est en français...

     

    Parlez-vous français ?

    " Je sais parler un peu français... J'essaye de me faire passer pour un français, alors c'est très intéressant parce que je travaille avec beaucoup de Belges et je suis dans un grand nombre de scènes avec un gars nommé Stanley Weber (1), qui est parisien ! Mais tout va bien pour le moment.

     

    Vous avez un autre film dans les tuyaux, ' Sleepwalker '. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

    " C'est un film que nous avons tourné l'année dernière avec Elliott Lester, metteur en scène,  et l'actrice Ahna O'Reilly. Je ne sais pas si vous vous souvenez du film 'Memento' (2), mais ça ressemble beaucoup à cela. Je joue le rôle d'un médecin du sommeil qui étudie une femme qui connaît des moments de réalités augmentées. Mais il s'avère qu'il est quelqu'un de plus profond que ce à quoi on s'attend, il n'est pas tel qu'il a l'air. "

     

    HMV London, 27 avril 2015

     

    Vous avez connu un beau succès récemment à l'Old Vic dans ' The Crucible ', avez-vous d'autres projets pour un retour sur scène ?

    " Oui, c'est vrai, c'était super. Je n'étais pas retourné sur scène depuis environ 12 ans, ça a été filmé et a pu vivre encore au-delà des représentations. J'espère retourner sur scène, probablement sous la direction de Yael Farber de nouveau, en 2016 ou
    2017. On développe une idée ensemble et ce sera plus expressionniste, une approche physique du théâtre, c'est un genre de théâtre qui m'intéresse vraiment. Je ne peux pas dire ce que ce sera, mais nous avons une pièce à l'esprit, assez ancienne.
    "

     

     

    Une dernière chose avant de vous quitter. Le film ' Spooks ' va bientôt sortir et vous aviez joué vous-même le rôle de Lucas North dans la série, est-ce que vous pensez que ça marchera bien sur grand écran ?

    " Oui absolument. Je me souviens quand nous travaillions sur la saison 7, c'était au moment où venait de sortir le premier opus de la série des Bourne (3). Bourne et Bond se tiraient un peu la bourre et je trouve que Bourne était vraiment brillant dans le genre. Aussi, sur le tournage de 'Spooks', on avait tout à fait conscience que c'était ce que nous tentions de faire, d'être dans ce moule là, tout en abordant, en même temps, le genre du bon vieil espionnage dans l'esprit de La Taupe (4). 

    J'ai l'impression que le film 'Spooks' se situera quelque part entre ces deux genres, et bien sûr ça se passe à Londres et c'est toujours merveilleux de voir Londres sur grand écran comme cela. Et bien sûr, nous allons voir Harry à nouveau, ce qui est extraordinaire ! Je suis impatient de le voir. "

     

    Notes des traductrices :

    (1) Stanley Weber est le fils du comédien français Jacques Weber

    (2) ' Memento' est un film de 2000 de Christopher Nolan où un homme souffrant de perte de sa mémoire à court terme suite à un coup à la tête lors de l'agression de sa femme, part à la recherche de l'agresseur.

    (3) Jason Bourne : ' La Mémoire dans la peau ' avec Matt Damon.

    (4) Le titre original de ' La Taupe' avec Gary Oldman, Colin Firth et Tom Hardy est Tinker Tailor Soldier Spy.

     

    Crédits photos:  Photo en-tête ©Tracey Nearmy; Thorin & Proctor ©Richard Armitage France; Photo Richard avec magazine ©Richard Armitage on Twitter

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  • Traduction de l'interview de Richard par DigitalSpy.co.uk, 28 avril 2015

     

    Traduction par Jolie Pensée

    Article original à lire ici (Crédits signalés sur les photos dans l'article, sauf Richard/Time: ©RCArmitage on Twitter)

     

    Richard Armitage revient sur le Hobbit et nous parle de son rôle à venir dans Hannibal

     

    Incontestablement, celui qui a été remarqué dans le sixième et dernier opus de la série en Terre du Milieu ' Le Hobbit, la bataille des cinq armées ' était Richard Armitage dont la performance rigoureuse dans le rôle du dérangé roi Thorin a donné une crédibilité psychologique à ce qui était le chapitre final plein d'action.

    Digital Spy a parlé avec Richard Armitage ce matin des derniers jours de Thorin Oakenshield, de son rôle à venir dans ' Hannibal ' et ses projets de retrouvailles théâtrales avec Yael Farber qui a dirigé ' The Crucible '.

     

    Traduction Digital spy

     

     

    Maintenant que cela fait plus d'un an que vous avez arrêté l'aventure ' Hobbit ', qu'est-ce que cela vous fait de reparler de cette expérience ?

    J'ai l'impression que cela fait une éternité. On a tout bouclé en 2013, mais la sortie du film final à Noël nous a rappelé tout le travail que nous avions effectué. C'était un moment plein de nostalgie parce que c'était l'adieu de Pete à la saga en Terre du Milieu, et c'était vraiment bien d'être là avec lui, le célébrer et lui faire un tonnerre d'applaudissements pour cette prouesse.

     

    ' La Bataille des Cinq Armées' était beaucoup plus votre film et sonnait comme une sorte de tragédie
    intérieure pour Thorin…

    Oui, je pense que s'il n'y avait eu que deux films, une bonne partie du voyage de Thorin aurait fini coupée au montage
    parce qu'il n'y aurait pas eu assez de temps pour explorer tous les personnages et  toute la structure de Thorin en détail. Donc d'une certaine façon, c'est très bien qu'il y ait eu trois films, parce qu'il y avait du temps pour découvrir la fin du voyage de Thorin, la fin de sa vie, la descente vers la folie, la corruption de l'or, sa relation avec Bilbo, il y a tellement de choses. Pete, Fran et Philippa ont vraiment écrit un fantastique scénario et je pense que les fans ont apprécié, et une des choses qu'ils ont aimée dans ce troisième film est l'intensité de l'épopée de Thorin.
     

     

    Votre combat final avec Azog était aussi extraordinaire...

    Oui, c'est un des plus grands challenges auquel Pete a été confronté, parce que Tolkien n'a pas vraiment parlé de cette bataille en particulier dans le livre, c'était assez limité. Pete a dû trouver le moyen de permettre à 13 nains de changer le cours de la bataille et raconter chaque histoire plus comme une narration que comme un seul grand combat. Amener Thorin et Azog à combattre seul à seul était aussi un moyen de le faire. Je suis pratiquement sûr que c'est comme cela que se déroulaient les batailles : vous pouvez combattre six personnes mais au bout du compte cela se finit entre deux personnes et j'appréciais cela.

     

    Traduction Digital spy
    Y-a-t-il des scènes coupées que vous aimeriez que les fans voient dans une version longue ?

    Oui, il y a une longue scène de funérailles qui a été coupée dans l'épisode final et je sais qu'ils étaient assez déçus de ne pas le voir dans le film, alors oui, j'ai vraiment envie qu'ils la voient. Il y avait aussi une fantastique poursuite en char avec une arbalète à l'arrière et il me semble qu'il y avait Dwalin and Balin et quelques autres nains dans le char. J'ai entendu une folle rumeur comme quoi ce pourrait être diffusé dans quelques cinémas juste parce que certaines séquences étaient épiques et chez WETA Digital ils ont travaillé comme des damnés pour le faire.

     

    Quelle partie de tout le film restera le plus dans votre mémoire ?

    Ce qui me reste clairement en tête est la période finale parce que c'était censé durer 3 semaines et ça a dû durer 13 semaines et on était tous épuisés par cette fin. J'ai finalement fait cette bataille entre Thorin et Azog pendant les deux dernières semaines et au fur et à mesure tout le monde bouclait ce qu'il avait à faire et moi j'avais encore une tonne de travail à faire. Je disais au revoir, tout le monde traînait pour se quitter, mais c'était un peu comme à la fin d'une année scolaire. Il me restait encore une grosse part de travail à faire et j'étais un peu comme le dernier homme qui restait là. Je devais encore aller m'entraîner tous les soirs alors que les autres décompressaient et buvaient des coups.

    Et puis je me souviens que pendant ces dernières semaines, Pete n'était pas très bien, il était un peu malade parce qu'il était tellement fatigué ! On s'est vraiment soutenus pendant ces dernières semaines. Il pouvait voir à quel point j'étais épuisé, mais on était vraiment beaucoup ensemble dans ces derniers moments et je savais qu'il fallait que je lui donne tout ce que j'avais à donner et que je devais me surpasser pour lui. En fin de compte, cela a été deux semaines vraiment agréables.

     

    Thorin est beaucoup seul dans cette dernière partie, isolé du groupe. Vous êtes-vous retiré de ce groupe
    très dynamique pour vous aider à atteindre cet état d'esprit ?

    Pendant la plupart des tournage, c'était un peu les deux. Parce que mes heures étaient longues et j'étais assez
    fatigué, je ne pouvais pas forcément me lier à tout le monde comme j'aurais aimé, mais vers la fin, j'étais beaucoup plus sociable que je ne l'étais au commencement. Au début, on est là à étudier le personnage et on essaye de ne pas se laisser distraire alors qu'à la fin, j'avais une meilleure compréhension de là où il allait, du coup je pouvais me permettre de travailler et avoir une vie sociale pendant mon temps libre.

    Vers la fin, je sortais un peu plus avec tout le monde, mais je devais faire attention. Je ne pouvais pas me cuiter toute la nuit, sortir et boire de trop, parce que vous avez très peu de temps pour vous en remettre. Ce que je veux dire, c'est que je ne me suis jamais retrouvé en plateau avec la gueule de bois, ç'aurait été la pire des choses. Avec tout le maquillage et les costumes, je vous laisse imaginer l'inconfort de la situation ! Ca aurait été l'enfer ! 

     

    Traduction Digital spy

    En quoi le ' Hobbit 'a changé votre carrière en terme de rôle qu'on vous offre ?

    Ce qui est intéressant maintenant c'est que les films me rendent visible, principalement grâce à tout l'argent qu'ils ont généré, donc j'ai des rendez-vous avec des personnes que je n'aurais probablement pas rencontrées avant. Mais le premier commentaire que j'ai eu a été " Oh vous faites 1m88, je pensais que vous étiez un nain ! ". L'autre chose que j'ai remarquée c'est que je vais lire beaucoup de descriptions de personnages faits pour moi qui ont souvent une barbe. Alors, ça se passe comme ça " Oh, on a besoin de quelqu'un qui n'a pas de problème à se laisser pousser la barbe, tiens, si on appelait Armitage ! " . Ma pilosité est mon nouveau talent. J'aimerais penser que mon seul talent d'acteur y est pour quelque chose, mais c'est sans compter sur mes poils. 

     

    Traduction Digital spyConnaissiez-vous ' Hannibal ' avant d'être choisi pour jouer Francis Dolarhyde ?

    Je ne connaissais pas la série et bien sûr j'avais déjà dit oui parce que c'était Bryan Fuller, avant même d'avoir lu le script. Je voulais vraiment travailler avec lui. J'ai lu le script et alors j'ai réalisé que c'était un personnage réellement très intéressant. Puis j'ai lu le livre (1) et alors j'ai soudain réalisé que j'allais revenir sur quelque chose que j'avais dit il y a longtemps, qui était qu'un des genres que je ne ferais probablement pas est l'horreur. Mais je n'avais pas vu le rôle de Francis Dolarhyde comme de l'horreur et j'ai regardé les saisons une et deux d'Hannibal.

    Pour moi, ça se situe à un point intéressant, c'est de l'horreur mais il y a quelque chose de merveilleusement décadent et gothique dans la façon dont c'est filmé et les performances sont extraordinaires. Je pense que Mads Mikkelsen, Hugh Dancy et Laurence Fishburne lui donnent de la hauteur et je savais que la barre était très haute lorsque j'y suis allé. Bien sûr, le roman original ' The Red Dragon ' de Thomas Harris, où l'on rencontre Hannibal en premier, s'intéresse beaucoup à Francis Doralhyde et met en avant en détail la psychologie d'un tueur en série. 

     

    Bryan a précisé qu'aucun film n'a vraiment eu le temps de plonger en profondeur dans Dolarhyde…

    Non, c'est vrai. La plupart des films durent maximum deux heures et nous avons eu six heures pour explorer en détail ce qu'est un psychopathe, de comprendre les origines de cela et la naissance d'un enfant qui devient un monstre. Ça va vraiment être intéressant. 

     

    Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

    Je suis en train de tourner ' Pilgrimage ' qui est une sorte de road movie du 12 ème siècle sur une relique qui retourne à Rome avec un groupe de moines. J'y joue un normand français dont l'intention est de gêner ce petit voyage. C'est intéressant et la plupart des dialogues de mon personnage sont en français, donc j'ai dû raviver (2) mon français.  


    Projetez-vous de retourner sur scène après ' The Crucible ' l'année dernière ? 
    Traduction Digital spy

    Oui. ' The Crucible 'a été un tournant pour moi, je n'étais pas remonté sur scène depuis 12 ans et je cherchais un
    véritable évènement et c'est vraiment devenu un évènement. Et puis, la pièce a encore vécu après puisqu'elle a été filmée et portée à l'écran dans certains cinémas qui ont fait salle comble à chaque fois qu'ils la passaient.

    Mais j'ai d'autres projets, probablement avec Yael Farber, j'espère en 2016 ou 2017. Je ne peux pas dire de quoi il s'agit, mais j'aurai une implication beaucoup plus physique.

    Ce que j'aime dans le théâtre, ce sont les moyens illimités d'utiliser son corps, donc nous allons aller un peu plus loin dans l'aspect physique de ce type de théâtre.

     

    Notes de la traductrice

    (1) " The red dragon" de Thomas Harris

    (2) " Buff up " : redonner du lustre, redorer, raviver, nettoyer, booster, muscler, améliorer... 

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